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INTERVIEW

NOUS LES LEROY

Florent Bernard

réalisateur et scénariste

Une mère sous pression, Sandrine Leroy, décide de divorcer. Son mari, Christophe refuse cette idée et va tout faire pour recoller les morceaux. Il propose à sa femme et ses deux ados de se retrouver lors d’un week-end de la dernière chance. Loin de tous les clichés de film de rupture, d’ados ou encore de road movie, ce premier long métrage fait passer du rire aux larmes.

Rencontre enjouée avec le réalisateur Florent Bernard dans le salon du cinéma Pathé Lyon Bellecour.

Entretien Interview Rencontre
© Apollo Films - TF1 Studio

Du format court au long

Je m’amusais beaucoup sur les formats courts avec mes amis Adrien Ménielle et Jérôme Niel. Il y avait une vraie liberté de ton et de faire. Je m’étais promis, si jamais je faisais un long métrage, de garder cet amusement et cette liberté. Bien sûr qu’il y a quelques différences à écrire et réaliser un long. Par exemple la gestion de la pression, car l’ampleur est plus grosse et il y a d’autres acteurs aussi avec qui l’on n’a pas l’habitude de travailler. Mais finalement c’est pas tant différent que ça et on a pu, su s’amuser et tester plein de choses. Et de toute façon ça ne pouvait être que bien, car je me suis entouré que de personnes dont je suis fan, dont mes amis et mon frère pour la musique.

Le choix de Charlotte Gainsbourg et José Garcia

Quand au tout tout tout début du projet je parlais du film aux producteurs, je leur disais qu’il faudrait une actrice genre Charlotte Gainsbourg. Je rêvais de travailler avec elle. J’avais écrit le rôle de la mère en pensant à elle. Mes producteurs la connaissaient, car ils ont produit son documentaire "Jane par Charlotte". On lui a passé le scénario, on s’est rencontrés et elle a dit « ok » à condition qu’on retravaille le rôle de la mère pour voir l’histoire à travers son prisme. Ces changements ont apporté plus de réalisme et de sincérité à l’histoire. Elle nous a apporté beaucoup lors de la réécriture grâce à son expérience de mère qui a vécu aussi avec des ados.

Et pour José Garcia, et bien j’ai écrit le film pour lui. Il n’était pas disponible au moment où on lui a proposé. Donc on est parti sur plusieurs autres acteurs, mais finalement ils ne pouvaient pas. Il y a eu aussi le Covid entre temps... Et au bout de trois ans, au moment où on galérait avec notre choix de comédien, alors on a reproposé à José Garcia qui n’avait pas encore lu le scénario. On lui a renvoyé le script le matin et à 15 heures il m’a dit « ok ». Au final c’étaient les deux acteurs dont je rêvais le plus pour ces rôles et les deux m’ont dit oui.

Le personnage principal : la famille

J’avais ma trame narrative de cette famille désunie. J’aime parler du groupe de manière générale dans mon travail. Je souhaitais que chacun ait son intrigue, de parler de la famille comme une somme d’unités. Et c’est le fait que personne ne s’intéresse à l’autre qui fait que la famille ne fonctionne pas. Donc j’avais besoin que chacun ait ses problèmes à régler au fil du film.

Les personnages secondaires

Il y avait plein de comédiens avec qui j’avais envie de tourner comme Luis Rego ou Adrien Ménielle et Jérôme Niel, car ils sont très drôles et on se connaît tellement bien. Je trouvais donc ça cool que la famille lors de son road-trip se heurte à ces personnages hauts en couleurs qui font écho de près ou de loin aux Leroy. Aussi, je voulais que certains seconds rôles accentuent, par leur problématique ou situation, le malaise dans cette famille.

Mon enfance, mon Hollywood

Pour mon premier film, je voulais parler de ce que je connais. Moi ce qui m’est connu c’est ce que j’ai vécu dans ma famille, avec une mère qui gère de grosses charges mentales et qui a besoin de l’affection de ses enfants. Mais en revanche mon père est très éloigné du rôle de José Garcia, c’est plutôt mon jumeau maléfique.

Et pour les décors, je me suis inspiré de ce qui m’a toujours fasciné, les zones commerçantes, les fast-food avec les drive… Je me suis toujours dit que c’étaient des décors de cinéma de fou. J’ai toujours eu l’impression que ces lieux-là avaient un côté far-west sans doute dû à ma passion pour les films américains.

La musique un écho avec les personnages

J’avais deux volontés pour la musique qui est essentiellement des années 80/90. Je voulais tout d’abord que toutes les chansons soient françaises, pour aller puiser dans notre culture. Et je souhaitais que toutes les paroles des chansons racontent l’histoire. La ponctuent même. L’idée, c’est qu’en écoutant la BO du film on puisse se refaire les grandes étapes du film. Ca a été un travail de longue haleine de recherches, de réécriture de certaines paroles et aussi administratives, car il fallait obtenir les droits.

Des ados adultes

A l’écriture ce sont les personnages d’ados sur lesquels j’étais le plus à l’aise. Car j’en ai été un. Je sais ce que c’est. J’adore les films sur l’adolescence. J’adore quand les ados sont bien traités aussi au cinéma comme dans "Aftersun" ou "Lady Bird". Moi je voulais parler de mon adolescence, banale, avec quelques problèmes, mais rien de grave.

Pour Hadrien Heaulme et Lili Aubry, "Nous, les Leroy" est leur premier rôle de cinéma. Ils se sont amusés et en même temps ils avaient la pression d’avoir un vrai rôle. Ils étaient cools mais restaient très professionnels aussi. Ce qui est beau, c’est qu’il y a eu une vraie rencontre entre José Garcia et ces ados. José passait son temps à les faire marrer. Parfois on gardait leurs fous rire pour le montage, tellement c’était authentique.

Concernant le casting, avec Tatiana Vialle la directrice de casting, on a dû voir environ 80 ados. On les voyait en vidéo, en casting, parfois je leur écrivais des scènes qui n’étaient pas dans le scénario (car je n’aime pas faire jouer les scènes du film en casting).

Je voulais que les quatre rôles soient au même niveau d’importance et à égalité au niveau du scénario. Je souhaitais que chaque membre d’une famille puisse se reconnaître dans ces personnages. Mon rêve est que cette nouvelle génération aille voir le film et qu’il les touche comme moi j’ai été touché par des teen-movies comme "Little Miss Sunshine", "Juno" ou "Le Premier jour du reste de ta vie".

Le nom des Leroy

Au départ j’avais pensé pour le titre du film à "Un dernier week-end", mais mes producteurs m’ont dit que ça ne reflétait pas l’humeur comédie du film. Les Leroy, est l’un des noms les plus donnés en France comme Les Martin ou Les Jean. Je voulais parler de la famille la plus universelle possible, donc je désirais un nom très commun. Aussi j’ai aimé l’ironie du nom, car ils ne vivent rien de très majestueux, j’ai trouvé ça très drôle. Et l’autre raison est plus économique : étant donné que c’est le nom le plus répandu en France, je me suis dit que ça pourrait faire venir tous Les Leroy dans les salles de cinéma.

Georgy Batrikian Envoyer un message au rédacteur

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