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FRÈRES

Un film de Olivier Casas

Un incroyable destin, gâché par des choix de mise en scène et l’incapacité à développer les personnages

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Michel et Patrice, respectivement 5 et 7 ans, sont abandonnés par leur mère, qui part en Argentine et les laisse aux soins d’une autre famille. Quelque temps après, alors que la femme espère que les services sociaux vont les placer et que le mari vient de se pendre, ceux-ci s’enfuient et s’installent en forêt, où ils vivront durant sept ans, avant d’être retrouvés…

Comme écrasé sous le poids de l’histoire incroyable de Michel De Robert et de son frère Patrice, aujourd’hui décédé, "Frères" peine à trouver le chemin vers l’émotion, la faute à un scénario qui réduit tout au minimum (et non pas à l’essentiel), et oublie de développer ses personnages, qu’ils soient enfants ou devenus adultes. L’utilisation de la voix-off de Michel (Yvan Attal), racontant moins leur histoire que le lien qui les unit, n’apporte finalement que peu d’éléments en plus du peu qu’il se passe à l’image. Elle surligne à l’excès ce lien indéfectible que l’on veut nous faire avaler de force, sans en exprimer la substance à l’image autrement que par de ponctuelles accolades.

Les difficultés de la survie en forêt sont ainsi escamotées en quasi permanence, les contacts avec les adultes extérieurs quasi réduits à une arrivée soudaine de gitans, et à la rapide complicité avec un agriculteur. Les gitans sont aussi vite repartis qu’ils ont débarqué, sans qu’on ressente le besoin d’affection ou de connivence qui devrait là s’exprimer (ils sont en gros réduits à une fête nocturne, guitare à la main). Quant à l'agriculteur, qui comprend leur détresse et leur besoin de travailler, il est traité aussi comme une apparition ponctuelle. En choisissant de construire le film comme un parallèle entre la fuite de Patrice, adulte, vers la forêt, et cette époque mêlant jeux et survie, Olivier Casas ("Baby Phone") a choisi la voie du contemplatif artificiel et du pathos, au lieu de s'intéresser à l'incroyable retour au monde des deux garçons. En les vidant ainsi d'une grande partie de leur substance, ne faisant qu'effleurer la question de la responsabilité ou de la culpabilité, il crée un trou béant dans ce qui aurait pu être un grand film, sur deux destins hors du commun et l’appel de la forêt.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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