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Annecy 2019

Annecy 2019 - Bilan

Bannière Festival d'Annecy 2019
© Festival Annecy 2019

Malgré une météo plutôt facétieuse, le Festival du film d’animation d’Annecy 2019 aura été une nouvelle fois une vraie fête. Couronnant fort justement le fantastique et bouleversant "J’ai perdu mon corps" (Cristal du meilleur long métrage et Prix du public) et le court métrage "Mémorable", tentant de donner forme à la maladie d'Alzheimer (Cristal du meilleur court métrage, Prix du public et Prix du jury junior), le festival aura mis en lumière des œuvres aussi diverses du point de vue narratif qu’esthétique.

Les révélations de l’année

Véritable surprise, "Away", trip énigmatique et poétique d’un parachutiste échoué sur une île, tentant d’échapper à un géant silencieux, aura séduit le jury de la nouvelle section compétitive du Festival, Contrechamp. Chapitré selon les étapes de son parcours, le film mêle rêve et réalité, impliquant la nature alentour dans cette fuite en avant. Une expérience sensorielle fascinante.

Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mevellec auront convaincu des acteurs connus (Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swann Arlaud, Hiam Abbass), de prêter leurs traits aux personnages du drame sous occupation talibane "Les Hirondelles de Kaboul". Un film dont la douceur du trait et les couleurs pastels permettent d'atténuer la violence de certaines scènes.

L'Iatlien Lorenzo Mattotti a enchanté petits comme grands avec son adaptation de Buzatti, "La fameuse invasion des ours en Sicile", livrant un conte au graphisme élégant et coloré, influencé par le symbolisme et l’expressionnisme, mêlant magie, fantômes, et fantassins, dans un esprit de confrontation entre humains et ours.

Une compétition de haut vol

Outre le Cristal de "J'ai perdu mon corps", histoire d'amour fantasmée entre un livreur et une cliente qui ne le connaît pas, à l'atmosphère incroyablement sensitif, les ours en Sicile de Lorenzo Mattotti, de nombreux film en compétition auront créé l'adhésion.

"L'Extraordinaire Voyage de Marona", portrait d'une tendre petite chienne, passant de maître en maître au cours de sa brève et fidèle existence, aura fait couler plus d'une larme. Pointant avant tout l'inconstance de l'homme, Anca Damian s'y amuse à varier les styles d'animation. "Buñuel après l'âge d'or", de Salvador Simo, retrace dans un style beaucoup plus sobre et des teintes volontairement ternes, le voyage de Luis Buñuel dans un coin reculé d'Espagne, donnant naisance à un documentaire saisissant sur l'extrême pauvreté. Une mention spéciale fort méritée. Enfin, après son prix pour "Lou et l'île aux sirènes", le japonais Masaaki Yuasa a de nouveau fait tourné les têtes avec son animation déconstruite, étirant les mouvements comme les corps, dans un "Ride Your Wave" où une jeune femme voit revenir son amant décédé, au travers d'éléments aquatiques. Une comédie romantique inattendue.

Les projets mis en avant

L’un des grands moments du Festival aura été la présentation d’un épisode spécial de "Bob l’éponge", en forme de visite guidée à la surface, pour fêter son 20e anniversaire tout en impliquant en live les acteurs de doublage. Cerise sur le gâteau, les producteurs et auteurs en profitèrent pour annoncer la sortie d'un troisième long métrage pour le mois de mai 2020.

En plus d'"Abominable", film de Yéti visible à l'automne prochain, Dreamworks est venu montrer également les premières images de "Les Trolls 2 – Tournée Mondiale", qui sortira au printemps 2020. Disney aura attiré les foules avec une présentation du très très attendu "La reine des neiges 2", accompagnée de trois courts métrages d'animation inédits. Ceci avant de permettre à quelques happy-few, de découvrir le 4ème volet des aventures du cowboy Woody et de ses amis jouets. "Toy Story 4", autour de l'attachant personnage de Forky, jouet basé sur une fourchette en plastique, livre une réflexion sympathique sur le fait de grandir et donc de lâcher prise.

L’action au rendez-vous

Si "Playmobil : le Film", présenté en ouverture, aura fortement déçu, la faute à un scénario bancal et fourre-tout, de même que "Spycies", avec son chat mauve espion, l'aventure aura tout de même été au rendez-vous cette année.

Les pompiers super-équipés de "Promare" auront littéralement mis le feu à la salle du cinéma Pathé, grâce à une animation déstructurée à base de triangles, à la fois incroyable niveau mouvements et utilisation de véritables tourbillons de couleurs. Une ingénieuse aventure marquée par des personnages barrés et des armes incroyables, présentés par des arrêts sur image provoquant un délire communicatif.

Le danois "Mon Ninja et moi", dans lequel une poupée ninja prend vie et décide de se venger, provoqua plus de rires que de frissons. Quant au coréen "Nous les chiens", il réussit à émouvoir avec les péripéties d'une bande de chiens errants, aux caractères joliment détaillés, tout en épinglant l'omniprésence destructrice de l'homme dans la nature.

De multiples oeuvres VR

Hormis "Gymnasia", présenté l'année d'avant en version plus courte, et le décevant expérimental "TX-Reverse 360°" qui nous projette au sein d'un théâtre déserté, la section VR aura cette année permis de découvrir quelques films captivants.

"The Lost Botanist", sorte de jeu vidéo dans lequel la direction du regard permet de prendre des décisions, a permis de voyager dans 4 mondes différents, avec de belles transitions évoquant de vieux livres en relief. "Nothing to be writen" nous a proposé une très belle évocation de la première guerre mondiale, une lettre servant de guide entre différents décors (tranchées, hôpital, wagon...).

Mais ce sont surtout trois films qui ont marqué les esprits. "Wolves in the wall" (partie 2) nous propose de suivre une petite fille à la recherche de loups cachés dans les murs. A l'aide d'un polaroid ou d'une lampe que l'on dirige, on explore les lieux jusqu'à découvrir le père jouant d'un instrument, ou s'immerger avec le frère dans un jeu en VR, à l'intérieur du film lui-même. "Le Cri", dans la collection d'Arte sur les peintures célèbres, permet de découvrir l'oeuvre de Munch, en tant que triptyque, tout en explorant progressivement ses moindres détails. Enfin, "Gloomy Eyes", Cristal de la meilleure œuvre VR, propose plusieurs tableaux façon miniatures (dont un saisissant autour d'une église aux vitraux rouges, et un autre de Drive-In), permettant de suivre un séduisant conte macabre mettant en scène un chien-zombie.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur