Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

RIDE YOUR WAVE

Un film de Masaaki Yuasa

Vague(s) à l’âme

Hinako est une jeune adolescente passionnée de surf. Après avoir déménagé dans une ville balnéaire, un pompier nommé Minato la sauve d’un incendie, mais ce dernier meurt peu de temps après alors qu’il surfe sur la plage. Incapable de l’oublier, Hinako s’aperçoit vite que Minato réapparaît dans sa vie sous une forme aquatique…

Ride your wave film animation image

C’est peu dire que la compétition 2019 du festival d’Annecy aura démarré dans une euphorie maximale. D’abord parce qu’il s’agissait du retour du grand Masaaki Yuasa, qui était reparti deux ans plus tôt avec le Cristal du long-métrage pour "Lou et l’île aux sirènes" et qui nous avait déjà retourné les neurones avec le monumental "Mind Game" (si vous ne l’avez toujours pas vu… euh, vous attendez quoi ???). Ensuite parce que l’apparente propension du bonhomme à se montrer plus grand public à chaque nouvelle proposition de cinéma, n’altère en rien son goût pour une animation chaotique, constamment en mouvement, guidée par une euphorie totale. Enfin parce que l’été est une saison qui lui réussit très bien : la facette « fleur bleue » qu’il dévoile dans ce pitch à la "Ghost" apparaît encore plus douce et légère grâce à sa peinture de la saison estivale.

On se retrouve donc dans un cadre voisin de celui de "Lou et l’île aux sirènes" : l’eau est omniprésente pour chahuter le quotidien d’une ville balnéaire du Japon (avec cette fois-ci le feu des incendies comme antagoniste symbolique !), la musique très orientée K-pop continue encore de guider l’euphorie dans et devant l’écran (preuve en est que les festivaliers n’ont pas cessé par la suite de chantonner la mélodie-leitmotiv du film à travers les rues d’Annecy !), mais cette fois-ci, place à une pure love-story mélancolique, où il y a autant de vagues à dompter que de vague à l’âme.

Dire que le film serait « rafraîchissant » n’aurait strictement rien d’un jeu de mot facile. C’est littéral. Surtout pour une histoire qui impose un traitement barré et poétique sur un sujet aussi sensible que le deuil. Rien, dans "Ride Your Wave", ne suinte le pathos ou la facilité, tant le cinéaste balance ici une fréquence quasi surnaturelle d’éclats de rire et de grosses larmes, un peu à la manière d’un grand huit de sensations électriques, où l’on alternerait sans cesse entre le feu et l’eau (moteur symbolique mais pas que). Tout ceci, combiné avec la virtuosité démente du style Yuasa, entre personnages génialement déformés par l’animation, abolition permanente des lois de la physique et mille idées frappadingues à la minute, nous fait sortir de la salle avec les yeux mouillés, l’envie de faire un karaoké et le vague à l’âme redessiné par les jouissives lames du grand large. Génial.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire