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TOP 10 : les meilleurs films réalisés par Tim Burton

Alors que Tim Burton va recevoir le Prix Lumière en ce mois d’octobre 2022, Abus de Ciné vous propose un classement des meilleurs films réalisés par Tim Burton, créé à partir des votes de 12 membres de la rédaction.

En nous focalisant « seulement » sur ses réalisations (exit donc "L’Étrange Noël de monsieur Jack"), rappelons que Tim Burton est l’auteur de 19 longs métrages depuis le milieu des années 1980, auxquels il faut ajouter une douzaine de courts métrages plus ou moins accessibles (en comptant ses œuvres de jeunesse et d’études). Parmi cette florissante filmographie, les 12 membres ayant participé à l'élaboration de ce classement collectif ont cité 15 longs et 1 court ("Vincent") pour parvenir à ce top 10. Plongeons donc dans quatre décennies de films, avec une sélection représentative mais privilégiant la première moitié de la carrière de Burton : y figurent ainsi 7 des 10 premiers longs qu’il a réalisés alors que, inversement, un seul de ses 7 derniers trouve son chemin dans notre classement.

10e // MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS (2016)

Seul film des années 2010 à intégrer (de justesse) notre top 10, "Miss Peregrine et les Enfants particuliers" fait figure d’exception dans la filmographie de Tim Burton, tant ses récents longs métrages déçoivent souvent ses fans. Parfois considéré comme une possible renaissance, cette adaptation du roman fantastique de Ransom Riggs a la particularité de renouveler considérablement l’entourage habituel de Tim Burton, tant devant la caméra que derrière. Outre Eva Green et Terence Stamp, qui tournent alors pour la deuxième fois avec lui (respectivement après "Dark Shadows" et "Big Eyes"), le casting est majoritairement constitué de néophytes de l’univers burtonien, qu’il s’agisse de jeunes pousses du cinéma (Asa Butterfield, Ella Purnell) ou d’interprètes plus célèbres (Samuel L. Jackson, Chris O’Dowd, Judi Dench). Côté technico-artistique, notons un duo méconnu à la place de Danny Elfman pour la musique (Mike Higham et Matthew Margeson), le Britannique Gavin Bocquet aux décors, et une troisième collaboration avec le Français Bruno Delbonnel à la photographie (après "Dark Shadows" et "Big Eyes"). Il en résulte un magnifique film fantastique mettant l’enfance à l’honneur, avec des scènes mémorables dont une attaque de squelettes en hommage à Ray Harryhausen, pionnier des effets spéciaux.

9e // BEETLEJUICE (1988)

TOP 10 les meilleurs films réalisés par Tim Burton affiche Beetlejuice

© Warner Bros. France

Deuxième long métrage de Tim Burton après "Pee-Wee Big Adventure", le cultissime "Beetlejuice" marque l’entrée du réalisateur dans la cour des grands. Contrairement à son film précédent qui était plutôt une commande, le cinéaste y développe son univers gothique qui est devenu l’une de ses marques de fabrique. Mêlant une esthétique bariolée et carton-pâte avec un sacré sens de l’humour noir, Burton s’amuse (et nous amuse) avec la mort, convoquant devant la caméra un casting dont plusieurs membres collaboreront à nouveau avec le réalisateur (Michael Keaton, Winona Ryder, Jeffrey Jones…). Véritable lancement de sa carrière, cette comédie à la fois mordante et bon enfant a durablement marqué les esprits, entre autres grâce à son usage de la musique, avec d’une part la BO de Danny Elfman et d’autre part l’utilisation de vieux tubes de Harry Belafonte (la scène avec la chanson "Day-O" est une des scènes les plus mémorables).

7e EX-ÆQUO // ED WOOD (1994)

Voilà un des films les plus « réalistes » de Tim Burton puisqu’il est l'un des seuls à s’inspirer d’une histoire vraie (avec "Big Eyes"). Il s’agit en effet du biopic de celui qui a longtemps été qualifié de pire réalisateur de l’Histoire du 7e Art : Edward D. Wood Junior, dit Ed Wood. En se réappropriant son parcours, Burton livre un bel hommage au cinéma bis en particulier et au cinéma de genre en général, avec un long métrage en noir et blanc (choix esthétique qu’il n’a depuis reproduit qu’une fois avec "Frankenweenie"). Il met ainsi en scène Ed Wood et Béla Lugosi, respectivement interprétés par Johnny Depp et Martin Landau, et recrée l’atmosphère du Hollywood des années 50 et le tournage de films comme "Glen ou Glenda" et "Plan 9 from Outer Space". Derrière l’apparence du ridicule, "Ed Wood" est un plaidoyer pour la ténacité et pour la liberté créatrice, qui peut apparaître comme un manifeste de la part de Tim Burton en faveur d’un cinéma d’artisans plus que d’artistes, fait de passion et de débrouillardise plutôt que de moyens disproportionnés pouvant mener à un manque d’inventivité et d’authenticité. Dommage que Burton lui-même ait fini par perdre le fil de cette vision...

7e EX-ÆQUO // LES NOCES FUNÈBRES (2005)

Puisque nous avons écarté arbitrairement "L’Étrange Noël de monsieur Jack" (produit et imaginé par Tim Burton mais réalisé par Henry Selick), la présence des "Noces funèbres" dans notre classement a un peu valeur de compensation, car ce film d’animation en est l’héritier, à la fois pour son ambiance joyeusement macabre, pour son coté comédie musicale et pour son esthétique avec le choix d’une animation en volume où les couleurs s’effacent souvent devant les nuances de noir, de blanc et de gris. C’est aussi un descendant de "Beetlejuice" avec ce couple uni par-delà la mort, et évidemment, côté voix, un duo représentatif de la filmo de Burton : Johnny Depp et Helena Bonham Carter. Une vraie merveille, poétique et romantique, d’une grande élégance graphique.

6e // SLEEPY HOLLOW (1999)

TOP 10 les meilleurs films réalisés par Tim Burton affiche Sleepy Hollow

© Pathé Distribution

En termes d’atmosphère visuelle, voilà l’un des films les plus sombres de Tim Burton, ce qui n’empêche pas une tonalité décalée en termes d’humour. Pour leur troisième collaboration, le réalisateur plonge Johnny Depp dans un village reculé de l’État de New York à la fin du XVIIIe siècle, où son personnage doit résoudre une affaire de meurtres en série par décapitation que d’aucuns attribuent à un revenant sans tête. Sceptique, l’homme se retrouve pourtant confronté à ce qu’il croyait impossible : le surnaturel. Burton tourne en dérision la foi absolue en la science mais ne se prive pas non plus de se moquer des superstitions. Bref, il applique sa vision non manichéenne du monde, où la laideur, le danger et la vérité ne sont pas toujours où on pense les trouver. Notons ce qu’on pourrait considérer comme une incongruité : c’est la seule collaboration à ce jour entre Tim Burton et Christina Ricci (en attendant sa participation à la série "Mercredi"), alors que le style de cette jeune star des années 90 correspondait très bien à son cinéma, l’actrice ayant souvent incarné des héroïnes que l’on pourrait qualifier de gothiques, ténébreuses ou mystérieuses ("La Famille Addams", "Casper", "Buffalo '66", "The Ice Storm", "Pecker"…). Or, dans "Sleepy Hollow", Burton lui fait jouer une jeune femme plutôt caractérisée par sa blondeur et sa douceur. L’art du contre-pied ?

5e // BATMAN, LE DÉFI (1992)

Bien plus riche, plus sombre et plus rythmé que le premier "Batman" (1989), "Batman, le défi" est l’occasion pour Tim Burton d’affirmer un peu plus, comme avec "Beetlejuice" quelques années plus tôt, son empathie pour les marginaux et les « monstres ». Rejetant autant le manichéisme que certains rejettent les « anormaux », ce film joue à fond la carte de la noirceur et de la symbolique des masques pour se faire la satire d’un monde où l’argent et la politique font bon ménage (ou plutôt mauvais…). Plus que Michael Keaton et Batman, les vrais (anti)héros sont ici Danny DeVito et le Pingouin d’une part, et Michelle Pfeiffer et Catwoman d’autre part. Monument du cinéma gothique, chef d’œuvre de l’histoire cinématographique de DC Comics, "Batman, le défi" mérite encore amplement le détour, tant son atmosphère poisseuse parle toujours et encore de notre époque.

4e // CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE (2005)

Adaptation d’un roman de jeunesse culte de Roald Dahl (qui avait déjà donné lieu à une version ciné en 1971 avec Gene Wilder), "Charlie et la Chocolaterie" est le film par lequel de nombreux enfants du XXIe siècle ont découvert l’univers de Tim Burton. Ce long métrage n’est toutefois pas des plus rassurants et a de quoi effrayer les plus jeunes, tant le réalisateur confère une atmosphère inquiétante à la chocolaterie de Willy Wonka. Ce dernier a des allures de freak et de statue de cire sous les traits d’un Johnny Depp qui joue de manière volontairement forcée. Pour compléter l’ambiance angoissante, ajoutons à cela une ville à la pauvreté dickensienne, l’effroyable sort que connaissent les différents enfants du film ou encore les inquiétants Oompa Loompas (des clones incarnés par Deep Roy). Pour contrebalancer et faire également rêver le jeune public, il faut dire qu’il y a en revanche des couleurs acidulées, des chocolats et confiseries à foison, ainsi que l’optimisme du jeune Charlie et de son grand-père. Bref, un film pour enfants hors du commun.

3e // BIG FISH (2003)

Pour de nombreux fans de la première heure, "Big Fish" fait figure de repoussoir (avec "La Planète des singes" qui l’a précédé dans la filmo de Burton, il considéré par beaucoup comme le début d’une certaine irrégularité voire d’un déclin dans la carrière du cinéaste). Mais ce long métrage a aussi de multiples défenseurs, ce que prouve précisément sa place sur notre podium collectif. S’il est caractérisé par une moindre bizarrerie, "Big Fish" n’en est pas moins une œuvre pleinement burtonienne et en est même, d’une certaine façon, la matrice. On peut en effet y voir une façon pour Tim Burton de défendre son métier de conteur et d’affabulateur, tout en clamant une nouvelle fois son amour pour les désaxés et les originaux, en faisant fi des qu’en-dira-t-on, des normes et des jugements en tout genre. En plus de cela, ce film charnière interroge comme jamais le rapport père-fils (Burton lui-même est devenu père en 2003) et il s’agit par ailleurs d’une des histoires les moins linéaires de sa carrière, à coups de flashbacks et de récits enchâssés.

2e // MARS ATTACKS! (1996)

TOP 10 les meilleurs films réalisés par Tim Burton affiche Mars Attacks

© Warner Bros. France

Monument de kitsch assumé, comédie délirante et jubilatoire, "Mars Attacks!" est à la fois un bel hommage à la science-fiction des années 50 et la mise à l’honneur d’un casting de folie allant de Jack Nicholson (en président américain) à Michael J. Fox en passant par Annette Bening, Glenn Close, Pierce Brosnan, Sarah Jessica Parker, Natalie Portman, Pam Grier, Jack Black et autres Danny DeVito, auxquels il faut ajouter le chanteur Tom Jones (dans son propre rôle) et l’ex joueur de football américain Jim Brown (qui incarne une ex gloire de la boxe). Dans un esprit parodique, Tim Burton s’amuse encore et toujours avec les tares de la société américaine (le patriotisme, l’armée, la politique et les médias, notamment, en prennent pour leur grade !) sans pour autant cracher totalement dans la soupe (après tout, ce film est aussi un pur produit de la société de consommation, avec un scénario inspiré d’un jeu de cartes à collectionner des années 60 – donc typiquement des objets futiles mais diablement fun !). "Mars Attacks!" est peut-être le film le plus « pop » de Tim Burton et franchement, ça n’a pas pris une ride !

1er // EDWARD AUX MAINS D'ARGENT (1990)

Ce n’est guère surprenant de retrouver "Edward aux mains d’argent" en première position de notre classement. Quatrième long métrage de Tim Burton et première collaboration avec Johnny Depp (sur un total de 8 à ce jour), ce conte doux-amer réunit en son sein la plupart des caractéristiques du style burtonien : un freak qui attire ou révulse ; un look et un décors gothiques qui côtoient des couleurs vives saturées ; un fantastique qui verse à la fois dans le cauchemar et l’onirisme ; une caricature de la société de consommation ; une critique du conformisme ; un parcours initiatique plein de romantisme ; une fascination pour la métamorphose ; un certain goût pour la naïveté et pour le kitsch ; des clins d’œil et hommages au cinéma de genre… À noter aussi la participation, dans le rôle de l’inventeur, de Vincent Price, figure du cinéma d’épouvante d’après-guerre et idole de jeunesse de Tim Burton, qui lui avait déjà consacré le court métrage d’animation "Vincent" (1982), dont l’acteur avait assuré la narration. Quand on sait qu’il s’agit de la dernière apparition de Price à l’écran, la mort de son personnage dans "Edward aux mains d’argent" a quelque chose de symbolique, comme une façon d’adouber Tim Burton en tant que nouveau maître du fantastique et de le laisser alors voler de ses propres ailes. Malgré les déceptions récentes, on peut dire qu’il a fait un sacré chemin depuis !

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Ont participé à l’établissement de ce classement : Olivier Bachelard, Gaëlle Bouché, Christophe Brangé, David Brejon, Elsa Carapet, Amande Dionne, Guillaume Gas, Adam Grassot, Kevin Gueydan, Raphaël Jullien, Ray Lamaj et Mathieu Payan.

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