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OSCARS : Leonardo DiCaprio, ces films où il aurait mérité un Oscar

Il l’a eu ! Leonardo DiCaprio, acteur américain de 41 ans, une trentaine de longs métrages au compteur, n’avait jamais encore eu le saint graal d’Hollywood : l’Oscar du meilleur acteur. Et pourtant, Leo a été nommé quatre fois : d’abord en 1994, dans la catégorie meilleur second rôle, pour le film "Gilbert Grape" où il se fait remarquer en tenant le rôle d’un gosse atteint de troubles mentaux. Onze ans plus tard, il est dans le dernier carré des nominations du meilleur acteur de l’année pour son rôle intense de Howard Hughes, l’aviateur et réalisateur américain dans le film de Martin Scorsese "Aviator". Ensuite, en 2007, dans "Blood Diamond", où Leo mouille la chemise dans un film d’action dénonçant le marché des diamants dans les pays d’Afrique noire en conflits. Enfin, dernière nomination vaine : celle, en 2014, pour son rôle déjanté dans "Le Loup de Wall Street" (à nouveau un film de Scorsese). Un rôle pour lequel il obtient un Golden Globes tandis que l’Oscar lui passe sous le nez, Matthew McConaughey ayant livré une performance exceptionnelle dans "Dallas Buyers Club" (et ironie du sort son partenaire dans "Le Loup…") ! Mais voilà que le réalisateur de "Birdman" lui offre le rôle du trappeur dans "The Revenant", LE film qui lui permettra le 28 février 2016, de voir son nom enfin inscrit en lettres d’or sur la fiche du Meilleur acteur à la 88e cérémonie des Oscars. Une récompense méritée qu’Abus de Ciné espérait lui voir attribuée, d’autant que si la rédaction avait la main sur l’attribution des Oscars, Leo aurait dû avoir une sacrée cheminée ! Découvrez ci-dessous, toutes les performances à Oscars du roi Leo !

1993 // Arnie Grape
dans le film “GILBERT GRAPE” (What's Eating Gilbert Grape) de Lasse Hallström

La grande majorité des spectateurs ont découvert Leonardo DiCaprio avec "Romeo + Juliette" en 1996 ou avec "Titanic" l’année suivante. Mais avant que ces deux films ne le propulsent au double rang de star mondiale et d’acteur à minettes, Leo avait déjà une carrière riche en personnages parfaitement incarnés. Parmi ceux-là, juste après avoir donné la réplique à Robert DeNiro himself dans "Blessures secrètes", il interprétait, aux côtés de Johnny Depp, un ado handicapé mental d’un réalisme confondant dans "Gilbert Grape", le deuxième film américain du Suédois Lasse Hallström.
Il faut le voir sangloter après avoir pris conscience qu’il a tué une sauterelle en jouant avec elle, ou monter sur un réservoir avec l’inconscience du danger, ou encore (peut-être la meilleure séquence du film) secouer sa mère pour la réveiller avant de se rendre compte qu’elle vient en fait de rendre l’âme. Ce rôle lui a valu une double nomination comme meilleur acteur dans un second rôle aux Golden Globes et aux Oscars. Dans les deux cas, il s’est incliné devant Tommy Lee Jones, salué pour sa prestation dans "Le Fugitif" – certes une bonne performance mais, face au jeune Leo, était-ce un choix pertinent ?
Pourtant, les membres de l’Académie ont souvent été friands de ce type de rôle hors norme : Dustin Hoffman dans "Rain Man", Daniel Day-Lewis dans "My Left Foot", Tom Hanks dans "Forrest Gump", Geoffrey Rush dans "Shine"… Mais en 1994, ils ont raté une bonne occasion de faire entrer DiCaprio dans l’histoire du cinéma un peu plus tôt, d’autant qu’il serait devenu, à 19 ans, le plus jeune Oscarisé. Mais que Leo se console : le record d’alors est toujours détenu par Timothy Hutton, un peu moins de 21 ans en 1981... puis tombé dans l’oubli malgré la statuette !
Raphaël Jullien

1995 // Jim Carroll
dans le film “BASKETBALL DIARIES” de Scott Kalvert

Nous sommes en 1995 (le film ne sortira en France que trois ans plus tard, en 1998), Leonardo Dicaprio est rentré dans la deuxième décennie de son existence. L’acteur s’est déjà fait remarqué dans le rôle d’un handicapé mental dans "Gilbert Grape", film qui lui valut sa première nomination aux Oscars. Adapté d’un roman autobiographique du poète et musicien Jim Carroll, "Basketball Diaries" débarque sur les écrans américains. Leo interprète un adolescent sombrant progressivement dans la drogue. Et dès les premières minutes du métrage, l’immense talent du comédien est déjà palpable. Surtout, on retrouve sa propension incroyable pour s’effacer derrière ses personnages, en particulier des êtres à la personnalité excessive.
Accompagné de Mark Wahlberg qui signait l’un de ses premiers rôles au cinéma, Leonardo DiCaprio offre une prestation dont seul lui a le secret, posant les prémices d’une radicalité qu’il explorera plus profondément dans "Le Loup de Wall Street" ou "The Revenant" notamment. Époustouflant en jeune camé à la dérive, Leo multiplie les nuances, faisant déjà étalage de l’étendue incroyable de sa palette de comédien. Pourtant, son investissement est injustement snobé par l’Académie des Oscars. Le début d’une longue histoire tumultueuse avec celle-ci…
Christophe Brangé

1997 // Jack Dawson
dans le film "TITANIC" de James Cameron

Leoooooooo !!!!!! A chaque fois que je pense à "Titanic", je me souviens du sketch d’Anthony Kavanagh imitant la réaction des hommes allant voir le film aux 20 millions d’entrées en France !
Il est évident que "Titanic" a mis la carrière de Leonardo DiCaprio en avant, mettant l’acteur à un niveau de notoriété qu’il n’avait encore jamais eu auparavant. D’aucuns pensent qu’il a été « meilleur » comédien sur bien d’autres films, alors que sincèrement son rôle et sa performance dans "Titanic" ont trop longtemps été dénigrés ! Il est tellement plus facile de jouer les méchants ("Django Unchained"), les guerriers ("Blood Diamond"), les filous ("Arrête-moi si tu peux") que de jouer les jeunes premiers. "Titanic" m’a fait rêver, c’est en plus le seul film américain de trois heures vingt vu et aimé par mon père sans qu’il ne s’endorme ! Rien que pour ça, Leo devait recevoir un Oscar ! Mais son rôle est fort, passant de la seconde à la première classe avec une « classe » folle, débauchant une demoiselle guindée pour en faire une rebelle « libérée et délivrée » !
Leo arrive à faire de cette belle histoire d’amour, un film d’un romantisme intense qui ne manquera pas d’arracher des larmes à tout spectateur y compris aux « antititanic-moi-je-ne-vais-jamais-voir-les-grosses-productions-américaines ». Et quel gestion entre drame, passion et humour ! Comment oublier la scène du crachat sur le pont supérieur et sa répartie dans la scène du dîner de première classe où Leo se fera passer pour un des leurs tout en lançant de manière désinvolte son paquet d’allumettes. Tout est là chez Leo !
Laetitia Langue

2002 // Frank Abagnale, Jr.
dans le film “ARRÊTE-MOI SI TU PEUX” (Catch Me If You Can) de Steven Spielberg

"Arrête-moi si tu peux" est un film particulier à bien des égards. Il conte l’histoire, absolument incroyable et pourtant vraie, de l’un des plus jeunes escrocs de l’histoire des États-Unis. Et pour camper cet incroyable personnage au charisme envoûtant et à la destinée hors du commun, qui de mieux que Leonardo DiCaprio. La performance de l’acteur américain, alors âgé de 28 ans, est particulièrement notable, car le scénario du film a été imaginé pour rassembler plusieurs genres en un seul et même film. Selon le scénariste Jeff Nathanson, « c'est à la fois un thriller, un jeu de chat et de la souris, un récit initiatique et un drame familial. » Une diversité de tons obligeant l’acteur principal à faire appel à toute l’étendue de son talent et à l’incroyable palette d’émotions dont il dispose.
Il y a d’ailleurs une scène particulièrement marquante dans "Arrête-moi si tu peux". Frank Abagnale Jr., cheveux longs et chemise sale, apprend la mort de son père – sa seule famille – dans un avion par Carl Hanratty (Tom Hanks), l’agent du FBI chargé de sa capture. Une scène d’une incroyable intensité qui a pris aux tripes même les plus froids et cyniques d’entre nous. Voilà pourquoi Leonardo DiCaprio aurait amplement mérité de recevoir un Oscar en 2003 pour "Arrête-moi si tu peux".
Adrien Verot

2004 // Howard Hughes
dans le film “AVIATOR” (The Aviator) de Martin Scorsese

"Aviator" marque la seconde collaboration de Leonardo DiCaprio et de Martin Scorsese. Certes, l’acteur avait déjà prouvé, par le passé, qu’il était talentueux et brillant. Mais Martin Scorsese est le réalisateur qui est parvenu à estomper l’image de beau gosse de DiCaprio, pour faire de lui une véritable référence dans le monde du cinéma. Ce biopic relate les premières années de la carrière d’Howard Hughes, réalisateur et aviateur américain célèbre, au début du XXe siècle. Martin Scorsese est un génie, ce n’est plus un secret pour personne, mais si vous aviez tout de même un doute, ce film se chargera de le dissiper. En effet, le réalisateur a réussi à recréer l’impression de la « Cinecolor » et de la « Technicolor », afin que chaque scène du long métrage soit filmée telle qu’elle l’aurait été à la même époque. Au fur et à mesure que l’histoire avance et que les années passent dans la vie de Hughes, les images du film sont plus colorées et plus sophistiquées.
Le film met particulièrement en lumière les problèmes psychologiques de Hughes, qui souffrait de troubles obsessionnels compulsifs. La performance de Léo est simplement fantastique : il est à la fois touchant et effrayant. Il réussit à montrer l’absurdité de ces obsessions, tout en leur donnant un caractère indispensable.
On se souvient notamment de cette fameuse scène où Hughes répète en boucle « Montrez-moi tous les plans », sans pouvoir s’arrêter. Une performance qui vous prend aux tripes.
Justine

2006 // William "Billy" Costigan Jr.
dans le film “LES INFILTRÉS” (The Departed) de Martin Scorsese

Il faut tout d’abord savoir que "Les Infiltrés" est adapté de "Infernal Affairs", un long-métrage hongkongais sorti en 2004 et réalisé par Andrew Lau. C’est le film dont s’est inspiré Martin Scorsese pour son concept de double infiltration : un flic dans la mafia opposé à un mafieux dans la police. Avec un tel pitch, on saisit immédiatement l’importance que va avoir le casting dans la réussite du film. Or, Leonardo DiCaprio, qui interprète William « Billy » Costigan Jr – le policier infiltré dans l’équipe du terrible Franck Costello, parrain de la pègre de Boston – nous offre l’une de ses plus brillantes prestations.
On retiendra tout particulièrement la scène de face-à-face avec Madolyn, une psy de la police interprétée par Vera Farmiga. La scène est composée du dialogue entre Billy et Madolyn en montage alterné avec diverses scènes issues de l’infiltration de ce dernier. La musique d’Howard Shore accompagne parfaitement ce pur moment de cinéma où Leo nous montre toute l’étendue de son talent d’acteur. Pour cette scène et pour sa performance globale dans "Les Infiltrés" – film pour lequel il a laissé tomber "Raisons d'État" ("The Good Shepherd") de De Niro – Leonardo DiCaprio méritait amplement de recevoir un Oscar en 2007. Problème : Il était déjà nommé pour "Blood Diamond" d’Edward Zwick. Sacré Leo…
Adrien Verot

2013 // Jordan Belfort
dans le film “LE LOUP DE WALL STREET” (The Wolf of Wall Street) de Martin Scorsese

Si le roi Leo a enfin eu son Oscar pour "The Revenant", il aurait déjà pu et dû être sacré en 2014. Matthew McConaughey, pas le plus avare de talent, lui souffle la vedette, sa prestation dans "Dallas Buyers Club" remplissant tous les critères que plébiscite l’Académie. Pourtant dans "Le Loup de Wall Street", Leo tord le cou à cette idée répandue qu’il ne joue que des psychotiques au bord de l’explosion. Dans cette nouvelle collaboration avec Martin Scorsese, Leo joue tout. Et tout à la perfection. Tour à tour charismatique, élégant, débauché, pathétique, hystérique, il embrasse tous les registres avec une énergie et une présence de tous les instants.
On sait ce que Leo doit à Scorsese, mais on aurait tort d’oublier ce que Scorsese doit à Leo : l’incarnation devant la caméra d’une présence irradiante qui électrise les mises en scènes brillantes du maître. Si l’Académie célèbre souvent les performances physiques, elle oublie trop souvent de célébrer les performances tout court. "Le Loup…" en était une, exceptionnelle.
Thomas Bourgeois

2016 // Hugh Glass
dans le film "THE REVENANT" de Alejandro González Iñárritu

La prestation la plus impressionnante du grand Leo est assurément celle qui va créer la polémique. DiCaprio est-il ici prodigieux parce qu'il joue juste ou parce qu'il prend avant tout de gros risques, tant physiques que psychologiques ? Le spectre de la « performance » se fait certes sentir au vu des sacrifices endurés (nager dans une rivière gelée, dévorer un foie de bison cru, dormir nu dans une carcasse de cheval encore chaude, etc.), mais le jeu de l'acteur bloque cette appréhension.
Parce que DiCaprio se fait ici concentré, globalement mutique, viscéralement transcendé, contenant ses émotions jusqu'à basculer dans un état second qui le ferait presque passer pour un extraterrestre.
Pour la première fois de sa carrière, l'acteur vit et transcende littéralement un rôle au lieu de l'incarner, le tout sous l'impulsion d'une mise en scène époustouflante qui porte très loin le degré de proximité avec le parcours de son personnage. De là à considérer que le« revenant» du titre est autant Hugh Glass que DiCaprio lui-même, il n'y a qu'un pas. Et pour cette course éprouvante vers les limites de l'actorat dont il sort au final victorieux, une statuette dorée n’a vraiment pas été de trop.
Guillaume Gas

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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