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KATE

Un film d’action au féminin qui fait honnêtement le job

Au Japon, Kate est une tueuse professionnelle, entraînée depuis son enfance par son mentor, Varrick. Alors qu’elle suit toujours scrupuleusement les ordres, un événement va la conduire à la jouer solo, guidée par un esprit de vengeance…

Kate film movie

Sortie le 10 septembre 2021 sur Netflix

Depuis quelques années, Netflix semble vouloir contribuer massivement à alimenter nos écrans en héroïnes badass plus ou moins féministes, avec des résultats pas toujours convaincants. Sur la plateforme, "Kate" succède donc à des films tels que "The Old Guard", "Ava", "Close", "Sentinelle", "Blood Red Sky", "Thunder Force", "Sweet Girl", "Les Phénomènes" ou encore "Furie". Sans parler des productions préexistantes que Netflix intègre temporairement à son catalogue – par exemple "Wonder Woman", "Tomb Raider", "Colombiana" ou le remake féminin de "SOS Fantômes". On ne se plaindra pas de cet esprit très « girl power » permettant un rééquilibrage femmes-hommes mais on frise l’overdose quand les recettes se ressemblent beaucoup trop d’un projet à l’autre. C’est dire les réticences que l’on peut avoir en s’attaquant à cette nouvelle proposition.

On pourrait faire la liste des raisons qui pourraient nous conforter dans cet a priori de départ : un scénario relativement convenu (même s’il laisse place à quelques surprises), des clichés parfois lourds sur le Japon (alors que certaines répliques critiquent la façon dont les Occidentaux s’approprient des cultures qu’ils ne comprennent pas suffisamment !), ou encore la mise en scène survoltée qui fait fi des aberrations.

Pourtant, il faut avouer que "Kate" s’offre une place de choix en tête de la liste évoquée plus haut, en cherchant avant tout une sophistication esthétique plutôt qu’une ambition doctrinale. "Kate" est donc surtout un film d’action qui s’assume comme tel et qui ne cherche pas à tout intellectualiser, sans pour autant tomber dans la niaiserie vide de sens. Aux commandes de cette production américaine, le Français Cédric Nicolas-Troyan (longtemps spécialiste des effets visuels et passé à la réalisation avec "Le Chasseur et la Reine des glaces") fait le choix d’une mise en scène punchy et graphique, qui flirte tantôt avec l’outrance spectaculaire de "The Raid" ou de la saga "Fast and Furious", tantôt avec le style plus funky et humoristique d’un Tarantino (toutes proportions gardées) ou du diptyque "Kingsman". Les temps morts du récit n’en sont pas vraiment, avec notamment un recours relativement fluide aux flashbacks pour construire une héroïne impeccablement incarnée par Mary Elizabeth Winstead.

Autre point fort : alors que la plupart des héroïnes badass conservent une plastique conforme aux fantasmes dominants (outre des exceptions versant ouvertement dans l’extrême opposé comme les protagonistes en surpoids de "Thunder Force"), le personnage principal est très peu sexualisé (voire pas du tout), et s’avère plutôt « passe-partout » voire banal en apparence. On pourrait éventuellement se dire qu’elle est ramenée implicitement à une forme d’instinct maternel stéréotypé lorsqu’elle se préoccupe du sort d’une mineure en dépit de ses habitudes de tueuse impitoyable, mais ce serait une critique trop hâtive : Kate ne le fait pas vraiment par instinct mais plutôt parce que l’ado en question la replonge dans sa propre histoire. Finalement, ce sont, assez logiquement, l’urgence vitale et les rebondissements successifs qui la conduisent à évoluer. Au bout d’1h46, on aurait presque la tentation de réclamer une suite, quitte à ce que celle-ci mette désormais à l’honneur l’autre personnage féminin du film, la colorée Ani, interprétée par Miku Martineau, une inconnue tout à fait à la hauteur de son rôle.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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