S.O.S. FANTÔMES

Un film de Paul Feig
 

POUR : Une comédie presque réussie, qui respecte les originaux à défaut de les dépasser

Des phénomènes surnaturels se font de plus en plus nombreux à New York. Une équipe de choc composée de quatre femmes va alors affronter et chasser ces fantômes comme il se doit…

Pour beaucoup, les deux volets de "S.O.S. Fantômes" avaient quelque chose de magique plus que surnaturel, une alchimie parfaite entre des comédiens et un scénario délirant. Rapidement, les films obtinrent le statut d’ « objet cinématographique culte » et donc furent considérés comme intouchables. Alors lorsque les premières rumeurs d’un reboot sont apparues, forcément, l’opposition était grande, d’autant plus hargneuse à l’idée de placer ce nouvel opus sous le signe du girl power. Car la bande de garçons sera désormais remplacée par un groupe de jeunes femmes, toutes aussi déterminées à aller chasser et dézinguer du fantôme. Néanmoins, après tout cet émoi, une question demeurait : que vaut ce long métrage signé par celui qu’on désigne souvent par l’expression superlative de « Roi de la comédie au féminin » depuis le succès de "Mes meilleures amies", Paul Feig ?

La réponse sera nuancée, à l’image d’un film qui alterne le bon et le moins bon, jusqu’à finir dans le très mauvais. Les premières minutes sont hésitantes, balbutiements confirmés par une mise en scène cherchant désespérément son cadrage. Kristen Wiig cabotine en scientifique cartésienne, ancienne aficionado des ectoplasmes et future titulaire dans une université prestigieuse, tandis que Melissa McCarthy confirme qu’elle a perdu son sens de l’humour depuis quelques projets déjà. Mais au moment où tout semblait prédestiner cette version 2.0 à un raté industriel et critique, une lueur blonde apparaît : Kate McKinnon. Celle qui a fait ses armes au "Saturday Night Live" (comme ses consoeurs) vole la vedette à ses camarades par sa douce folie, son sens aiguisé du rythme et le vent de fraîcheur qu’elle fait souffler sur la pellicule. Probablement, parce qu’on les connaît peu ou pas, Kate McKinnon et Leslie Jones, faire-valoir initiaux, se transforment au fil des minutes en moteur aussi bien narratif que comique.

Progressivement, "S.O.S. Fantômes" trouve le ton juste entre héritage de la saga originelle et affirmation d’un nouvel humour. Cherchant à capturer l’esprit des "Ghostbusters", plus qu’à les copier, Paul Feig fait le choix judicieux de prendre ses distances par rapport à Ivan Reitman afin de construire sa propre mythologie. Inverser les codes sexistes de ce genre de production en est ainsi un parfait exemple - ici, les geeks intellos sont des femmes tandis que le poste de secrétaire est occupé par un homme (certes blond car on ne peut pas balayer tous les clichés d’un revers de caméra). Pour le reste, le film est un pur produit hollywoodien, efficace et divertissant, s’inscrivant dans une logique de franchise. Si tous les clins d’œil devraient même ravir les fans, la bonne impression est quelque peu atténuée par un final cartoonesque et profondément laid visuellement. Finir sur une telle mauvaise note alors que les scénaristes avaient presque réussi à nous faire oublier la comparaison avec la saga des années 80 est bien dommage…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

Victime d’une promo désastreuse, de calomnies misogynes et de la bande-annonce « la plus mal notée de tous les temps », tout annonçait un désastre pour ce reboot de "SOS Fantômes". Les précédents reboots de Sony, que ce soit celui trop précoce de "Spider-Man" ou le ratage "Total Recall", ne laissaient guère de place à l’optimisme. Pourtant, relancer cette saga 30 ans après paraissait moins saugrenu que pour bon nombre d'autres reboots.

Las, les prémices de mauvais augure se vérifient vite à l’écran. Passé un premier quart d’heure prometteur où les effets spéciaux réalisés « live » et l’humour potache fonctionnent, le film déraille peu à peu. Une trajectoire dont il ne parviendra malheureusement pas à se défaire. Le scénario accumule maladroitement les références au film original, le fan service appuyé prenant le pas sur une histoire aux véritables enjeux. La création du fameux logo « fantôme barré de rouge » est à ce titre affligeante, tout comme les caméos du casting originel, grossièrement disséminés.

En parlant de casting, celui de ce nouveau film a fait couler beaucoup d’encre, pour de très mauvaises raisons, mais s’il ne fonctionne pas, c’est avant tout parce que le film est excessivement mal écrit. Aucune alchimie n’existe entre les quatre actrices, réduites à camper des personnages dénués d’épaisseur. La palme revient à celui incarné par Kate McKinnon, qui se résume à une succession de grimaces plus horripilantes les unes que les autres. Finalement, seul le contre-emploi amusant du réceptionniste joué par Chris Hemsworth arrache çà et là quelques sourires.

C’est bien peu pour un film attendu, qui a aucun moment ne parvient à saisir le mélange de nonchalance et de générosité de son illustre modèle, qui faisait brillamment cohabiter film de genre et humour décalé. En 2016, le constat est sans appel : on s’ennuie ferme devant "SOS Fantômes".

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

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