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FILM COURT FRANCOPHONE VAULX-EN-VELIN 2016 - SUITE DES CRITIQUES DES FILMS

La 16e édition du festival de court métrage francophone « Un poing c’est court » à Vaulx-en-Velin s’est achevée samedi 23 janvier 2016. Suite de l'aperçu critique des films en compétition.

Quelques très bons films +3

Je crie ton nom, d’Oskar Rosetti
Ce court métrage suisse aborde la question du désir au sein d’une maison de retraite, à travers le portrait d'un homme qui tente de vivre enfin librement son homosexualité. Le ton décalé évite la dramatisation mais n’empêche pas l’émotion.

N’Sibi, de Hassene Belaïd
Aborder la question de l’homosexualité en Algérie est chose délicate. Belaïd le fait avec une grande sensibilité, dénonçant l’hypocrisie de la société à travers deux personnages que tout semble opposer : un travesti et son « beau-frère » (c’est ce que signifie le titre).

D’homme à homme, de Maïa Descamps
La réalisatrice filme avec intelligence la relation complexe entre un jeune garçon et son beau-père, au moment où sa mère va accoucher de son demi-frère. Les non-dits dominent, au travers des regards et des gestes. Touchant et bien interprété, ce film propose une vision optimiste du multiculturalisme.

Que la nuit soit douce, de Frédéric Recrosio
Filmé à hauteur d’enfant, ce court métrage évoque la question du deuil avec une dignité poétique et salvatrice. Dommage qu’un choix maladroit de montage rende la fin trop prévisible.

La Case, de Michaël Beaufrère
Le grand mérite de ce film est d’aborder avec un humour décalé un sujet pourtant dramatique : l’expulsion des immigrés. Les dialogues sont savoureux et ciselés, le ton est inattendu. Dommage que la mise en scène ait limité son inventivité au simple choix d’un format carré pour figurer la case à cocher sur le formulaire.

De bons films +2

La Valse mécanique, de Julien Dykmans
Cette fable sur le libre-arbitre est visuellement réussie et gagnerait à être retravaillée sur un temps plus long afin d’en rendre le scénario plus complexe et d’en développer l’univers. Cela dit, cela ressemble à d’autres films d’animation comme "Le Fil de la vie" (2004) ou "Jack et la Mécanique du cœur" (2013).

Pas, le film qui danse, de Frédérique Cournoyer Lessard
Virtuose pour l’image et, évidemment, la chorégraphie, ce film est assez enthousiasmant dans l’ensemble. Il échoue toutefois à convaincre totalement en termes de scénario et de lien entre les différentes séquences.

Nkosi Coiffure, de Frederike Migom
En se reposant sur un « choc des cultures » en plein Bruxelles (un couple flamand et des femmes d’origine congolaise), Frederike Migom interroge le statut des femmes, par le prisme du désir, des rapports hommes-femmes et de la question de l’avortement. Si le discours peut paraître ambigu au premier abord, la liberté individuelle et l’émancipation féminine sont affirmées par petites touches. Esthétiquement, cela reste toutefois très pauvre.

Des œuvres intéressantes +1

Au loin, de Xin Wang
Même si le film est esthétiquement et techniquement maîtrisé, "Au loin" reste assez convenu, ne touchant donc pas obligatoirement la corde sensible du spectateur, malgré un sujet a priori poignant.

Je suis marié, de Julia Boutteville
On ne peut pas dire que ce soit hyper inventif, mais ce très court métrage humoristique est maîtrisé et son efficacité a le mérite de détendre l’atmosphère !

Je suis l’ombre de mes envies, de David Merlin-Dufey
Le constat est le même que pour "Je suis marié". Le ton décalé est toutefois un peu plus tranchant.

La Fête, de Michèle Gauthier
Un peu trop plombant dans sa mise en scène (notamment l'utilisation des effets sonores), ce court métrage canadien repose avant tout sur sa capacité à révéler progressivement les éléments du drame qui pèse sur les épaules des parents et de leur petite fille. La fin, bouleversante, sauve un peu l’ensemble.

Replika, de Luc Walpoth
Walpoth n’a pas manqué d’ambition : un court métrage d’anticipation dystopique abordant l’intelligence artificielle, l’eugénisme ou encore la perte d’humanisme au sein de l’élite. Mais le réalisateur semble avoir gaspillé trop d’énergie à résoudre des défis esthétiques avec un budget qu’on imagine modeste, alors que son film aurait gagné à être plus sobre dans l’apparence (quoique le design est plaisant) pour être moins confus dans le scénario et le montage, moins naïf dans le propos, ou encore plus maîtrisé dans l’interprétation. Reste aussi une impression générale de déjà-vu : le film ressemble à un mélange de "Bienvenue à Gattaca" (1997), "A.I. Intelligence artificielle" (2001) et autres "I, Robot" (2004).

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Raphaël Jullien Envoyer un message au rédacteur