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Festival de Cannes 2023 : Palmarès

2 juin 2023

La plupart des films favoris au rendez-vous du palmarès

C’est finalement la Française Justine Triet qui aura créé la surprise en remportant la Palme d’or avec l’implacable "Anatomie d’une chute", porté par une Sandra Hüller impressionnante, qui du coup n’aura pas décroché le Prix d’interprétation espéré. Notre favori, "The Zone of Interest" de Jonathan Glazer, œuvre radicale sur le quotidien familial d'un officier nazi laissant de l’autre côté du mur du camp de concentration d'Auschwitz, l’horreur, réduite à un bruit de fond, que l’on oublie presque au fil du film, aura finalement remporté le Grand Prix du jury, mais aussi celui de la CST pour le son, ainsi que le Prix FIPRESCI de la critique internationale, dans lequel nous siégions cette année.

Présidé par Ruben Östlund, le jury aura surpris tout le monde en attribuant le Prix de la mise en scène à Tran Anh Hung, réalisateur franco-vietnamien, pour "La passion de Dodin Bouffant". Le film n’avait pas vraiment convaincu avec son scénario minimal mêlant cuisine et sensualité, mais brille en effet par ses plans envoûtant et ses transitions, sublimant le corps de Juliette Binoche et les plats savamment concoctés au sein d’une riche direction artistique. Côté Prix d’interprétation, on aura vu venir les deux lauréats, avec l'acteur japonais Koji Yakusho dans la délicate ode aux petits riens du quotidien signée Wim Wenders, "Perfect Days", et l’actrice turque Merve Dizdar pour "Les Herbes Sèches" qu’on donnait presque ex-aequo avec Sandra Hüller. Deux prix fortement mérités, dans deux films où l’humanité prend des aspects bien différents.

Le japonais Kore-Eda, qu’on voyait récompensé pour sa mise en scène pour son habile mise en scène en trois actes de "Monster", aura finalement vu son film récompensé pour son scénario, signé Yuji Sakamoto. Quant au doux-amer "Les Feuilles mortes", œuvre synthétique d'Aki Kaurismaki, que l'on donnait en outsider du Grand Prix, il sera reparti avec le Prix du jury. A noter également que lors de la cérémonie de clôture, c’est un film de 3 heures venu de la Quinzaine des cinéastes "L’Arbre aux papillons d’or" de Pham Thiên Ân qui a reçu la Caméra d’or, soit le prix du meilleur premier film, toutes sections confondues. Et enfin, l’Oeil d’or du meilleur documentaire aura récompensé deux films maghrébins à la forme particulière, donnant à voir chacun en partie leur dispositif, avec d’un côté le tunisien "Les Filles d’Olfa", avec un mélange d’actrices et de femmes réelles pour évoquer l’extrémisme, sur lequel la rédaction d’Abus de ciné est divisée, et de l’autre le marocain "La Mère de tous les mensonges" avec ses maquettes, ses marionnettes et ses secrets de famille.

Un palmarès d’Un certain regard orienté vers l’Afrique

Alors que l'on attendait un raz de marée pour les films latino américains, avec notamment le chilien "Les Colons" (récompensé tout de même du Prix FIPRESCI de la critique internationale) et l'argentin "Los Delincuentes", surprenant film deux en un, entre policier et romance, le continent aura finalement dû se contenter d'un prix pour le casting d'ensemble pour le brésilien "La Fleur de Buriti" qui s'intéresse à trois époques de l’histoire d'un peuple indigène. Et c'est finalement du côté du continent africain que ce sont concentrés les récompenses, entre la mise en scène du marocain "La Mère de tous les mensonges", déjà évoqué ci-dessus, le Prix de la nouvelle voix pour Baloji et son impactant "Augure", sur le poids des traditions et la condition de la femme au Congo, mais aussi "Les Meutes", autre film marocain en forme de longue nuit dans les bas fonds de Casablanca, pour de petits malfrats.

Confirmant que le sort des femmes est l'un des sujets dont s'emparent de nombreux longs métrages de qualité, on notera également le Prix de la liberté, décerné à "Goodbye Julia", film soudanais, décrivant la trouble amitié d'une femme riche du nord et d'une femme démunie du sud, toutes deux ayant des religions différentes. Enfin, dans la même mouvance, le Prix Un Certain regard sera revenu à "How to have sex", film moderne sur le consentement, signé Molly Manning Walker, nous entraînant dans le sillage de 3 amies en vacances dans uns station méditerranéenne, lieu de tous les excès, à la fin du lycée.

Palmarès officiel

Palme d’or
ANATOMIE D’UNE CHUTE
de Justine Triet

Grand Prix
THE ZONE OF INTEREST
de Jonathan Glazer

Prix de la mise en scène
Tran Anh Hùng
pour "La passion de Dodin Bouffant"

Prix d’interprétation masculine
Koji Yakusho
dans "Perfect Days"

Prix d’interprétation féminine
Merve Dizdar
dans "Les Herbes Sèches"

Prix du scénario
Yuji Sakamoto
pour "Monster" de Hirokazu Kore-Eda

Prix du jury
LES FEUILLES MORTES
de Aki Kaurismaki

Caméra d’or

L’ARBRE AUX PAPILLONS D’OR
de Pham Thiên Ân

Oeil d’or du meilleur documentaire

LES FILLES D’OLFA
de Kaouther Ben Hania

ex-aequo avec
LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES
de Asmae El Moudir

Prix de la CST

Johnnie Burn
Sound Designer et Chef monteur son
de "The Zone of Interest" de Jonathan Glazer

Palmarès Un certain regard

Prix Un Certain Regard
HOW TO HAVE SEX
de Molly Manning Walker

Prix du jury
LES MEUTES
de Kamal Lazraq

Prix de la mise en scène
LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES
de Asmae El Moudir

Prix Nouvelle Voix
AUGURE
de Baloji

Prix d'ensemble
LA FLEUR DE BURITI
(CROWRÃ)
de João Salaviza et Renée Nader Messaora

Prix de la liberté
GOODBYE JULIA
de Mohamed Kordofani

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
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