NEUILLY-POISSY

Un film de Grégory Boutboul

Une comédie réconciliatrice réussie

Daniel, propriétaire magouilleur d’un restaurant, vivant dans le luxe d’un pavillon de Neuilly avec sa femme et son fils, se fait coincer pour malversation financière. Face à son attitude provocatrice, le juge décide alors de le placer en détention provisoire à la prison de Poissy, où il atterrit dans le bâtiment des gars des cités…

Max Boublil incarne avec bagout le personnage principal de "Neuilly-Poissy", comédie passée par le Festival de l'Alpe d'Huez en janvier dernier, et qui tombe à pic, en cette période de tensions communautaires en France et de conflits internationaux qui s'enlisent. Il y interprète un restaurateur juif habitant Neuilly, qui ayant détourné de l'argent et se retrouvant pris en flagrant délit de pot de vin avec son banquier, se voit envoyé en prison à Poissy. Là, il ne va pas tomber dans le bâtiment des vieux, mais se retrouve avec les gars de banlieue et les « barbus » musulmans, autant de gens dont il n'a pas les codes. L'idée de base du scénario est alors simple : tenter de cacher sa religion, face aux différences qu'il ressent comme des dangers, dans une prison où il croit ne pas avoir d'alliés, sauf un rabbin interprété avec aplomb par Gérard Jugnot.

Mais l'atout principal de cette comédie carcérale, rythmée et efficacement dialoguée, sera finalement de se concentrer sur ce qui rassemble ces résidents forcés à cohabiter et non ce qui les divise. On s'amusera d'abord de la supériorité crasse d'un personnage qui se croit au-dessus des lois et de la condition des autres, qui agit comme s'il était à l'hôtel (il veut choisir sa cellule, il demande à son avocate à être surclassé...), les autres détenus lui rappelant avec ironie sa vraie condition (voir la nature de l' « aquagym » qui lui est proposé...). On rira beaucoup aux répliques inventives, qu'elles jouent sur les différences d'origines, religions ou couleurs de peau (il propose du « black » à la matonne interprétée par Claudia Tagbo...), ou qu'elles rebondissent sur les conditions carcérales (pour l'un des prisonniers, capable de planquer un téléphone portable... « son cul c'est Darty » !).

Si une certaine tension autour du personnage principal existe, le film se mue peu à peu en une belle histoire d'amitié avec ses codétenus (Steve Tientcheu et Malik Amraoui sont tous deux impeccables et attachants), qui transcende les barrières sociales et culturelles, et qui rappelle intelligemment que certaines cultures ne sont pas si éloignées et que des moments de fraternités sont possibles. Doté de seconds rôles savoureux (Jugnot en rabin bienveillant, Tagbo en matonne retorse, Darmon en juge agacé…), aussi bien écrits et dotés de répliques efficaces que les premiers rôles, "Neuilly-Poissy" se pose en film culotté mais fortement réconciliateur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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