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JEUNESSE, MON AMOUR

Un film de Léo Fontaine

Des chemins qui s’éloignent

Lila et Matt, un jeune couple, arrive en voiture dans la maison des parents d’un ami, Dim, et son frère, Elio. Celui-ci accueille un groupe d’amis du lycée pour un barbecue, avant que le pavillon ne soit vendue. Mais les lieux ravivent des souvenirs, qui pour certains sont restés brûlants…

Premier long métrage prometteur signé Léo Fontaine, "Jeunesse mon amour" s’attaque aux retrouvailles entre des amis de lycée, quelques années plus tard, exercice qui permet souvent de mesurer la divergence des chemins parcourus par chacun. Étonnamment c’est le petit frère de celui qui invite qui exprimera le premier une certaine nostalgie, de voir ce lieu familier « vivant » une dernière fois. On sent d’ailleurs d’emblée un sentiment d’admiration pour ce groupe autrefois soudé, que les souvenirs plus profonds et les rivalités cachées vont commencer à diviser, ses propres souvenirs, lui qui n’en faisait pourtant pas réellement partie, se mêlant à ceux des « grands ».

Dans un scénario au premier abord pas forcément original, l’auteur parvient néanmoins à caractériser suffisamment ses personnages pour les rendre non seulement crédibles mais attachants. Les interprètes, dont certains étaient présents dans son précédent court métrage parviennent à donner l’énergie qu’il faut pour que l’on croie à leurs réactions, d’apparences spontanées. Dans une construction qui convoque d’abord les anecdotes, inoffensives pour certains personnages, cruelles pour d’autres (la réputation de « fille facile » de celle qui est en école de commerce…) et une chanson italienne festive et unificatrice, la mise en scène ne donnera à voir de flash-back furtifs que lors de la soirée où d’autres jeunes sont invités, et où des variations de vêtements permettent d’évoquer la subsistance d’un lien passé entre deux personnages, le ralenti venant induire l’aspect érotique de celui-ci.

Questionnant au passage intelligemment le maintient sur la durée du lien en amitié, le rôle de réseaux sociaux dans l’enjolivement de sa propre vie, comme les masques qu’on se construit face à un état de fait qui vous échappe, "Jeunesse mon amour" évoque dans sa seconde partie les blessures et les peurs liées à un amour de jeunesse qu’on oublie jamais et qui persiste parfois longtemps. Mêlant forcément une part d’autobiographie, le film ayant de plus été tourné dans le jardin de l’enfance du réalisateur et le bois où il promène son chien tous les jours, le film mêle scènes très écrites et scènes plus improvisées, la caméra, agile, saisissant la dynamique de groupe, et tour à tour les espoirs vacillants, les sentiments qui restent, les doutes qui parviennent à s’exprimer. Un premier long réussi et touchant, exprimant avec une un mélange de douleur et d’élan, des évolutions naturelles, imposées par la vie.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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