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DOSSIERTest Vidéo (DVD/Blu-ray/4K)

Test Blu-ray : LOS ANGELES PLAYS ITSELF

Année : 2003
Genre : documentaire
Réalisation : Thom Andersen
Avec la voix d’Encke King

L’HISTOIRE

Composé de plus de 200 extraits de films, d’"Assurance sur la mort" à "L.A. Confidential" en passant par "Chinatown", "Blade Runner" et "Mulholland Drive", ce documentaire dissèque avec brio la représentation, souvent mythifiée, de la mégalopole américaine dans le septième art…

LOS ANGELES SANS CONFIDENCE

Incroyable que ce documentaire qui s’offre une seconde vie avec une sortie en supports physiques ! Réalisateur, chercheur, enseignant… Thom Andersen, dont le travail s’articule principalement autour du cinéma expérimental, est un artiste peu commun qui aime à dénicher le moindre détail au sein de films que l’on pense pourtant connaitre par cœur… pour nous en expliquer l’histoire, ses tenants et aboutissants. L’idée de réaliser un documentaire sur le cinéma et Los Angeles lui vient lors d’une lecture à l’Institut des arts californiens après une intervention sur "L.A. Confidential" de Curtis Hanson sur lequel Andersen possède de nombreuses objections. Mais la forme que possède aujourd’hui le résultat final n’est pas d’actualité. Du moins pas complètement. À partir de 2003, Andersen utilise son montage comme support pour illustrer ses conférences, comme à la cinémathèque de Los Angeles. Ce n’est qu’en 2014, avec la décision d’une sortie commerciale, que "Los Angeles Plays Itself" obtient réellement son statut de film.

À travers environ 200 extraits non chronologiques de films, Thom Andersen s’applique à analyser le rapport empli d’amour et de haine entre Los Angeles et le cinéma. Le portrait est parfois acide et revanchard. Historien, Andersen prends soin de toujours appeler la ville par son nom entier de « Los Angeles », considérant que l’une des premières trahisons d’Hollywood envers la ville fut de lui retirer son identité en imposant l’acronyme « L.A. ». Avec seulement 2,5% de la population angelinos qui travaille dans l’industrie du spectacle, il est important pour Andersen de rappeler que le cinéma n’est pas au centre de tout (contrairement à ce que les films souhaitent l’affirmer). Pour autant, la ville doit tout de même une forme de reconnaissance au 7ème art. Il a fait d’elle la ville la plus photographiée du monde et, dans une cité dont la plupart des bâtiments n’ont pas 100 ans, c’est leur apparition dans un film qui les transforme en monuments. À ce titre, le film permet aux spectateurs de découvrir l’histoire de certains d’entre eux, comme le Bradbury Building (visible dans "Blade Runner", "The Artist", "M"…), à travers une approche soit cinématographique, soit architecturale permettant d’appréhender les courants ayant dessiné la ville.

Avec un certain amusement (plus qu’un agacement) Andersen déconstruit certaines idées que le cinéma veut nous faire croire. « Regardez le nombre de travailleurs prolétaires qui dans les films habitent soit sur les collines, soit sur la plage… c’est impossible », « mais comment fait la jeune libraire dans "Heat" pour se payer une maison à 2,5 millions de dollars » et nous invite à réfléchir sur ce que certains chefs-d’œuvres ont compris et exposé de la ville, comme "Assurance sur la mort" (« Peu d’extérieurs utilisés mais chacun est mémorable ») ou "Chinatown" (« sa résonance particulière est son thème subsidiaire : le cauchemar de se déplacer à Los Angeles sans voiture »). Après tout, ce qu’Andersen désire, c’est que l’on s’attarde à observer cette ville trop souvent en retrait derrière les histoires, alors qu’elle en est parfois un personnage à part entière. « Si nous aimons les documentaires pour leurs qualités dramatiques, peut-être pourrions-nous aimer les fictions pour leurs révélations documentaires ».

Avec ses presque trois heures de durée, nous aurions tendance à conseiller le visionnage en trois sessions épousant les chapitres principaux afin d’assimiler la richesse des informations contenues dans cette exigeante mais gratifiante aventure à travers l’ADN de cette magnifique Cité des Anges.

TECHNIQUE ET INTERACTIVITÉ

Avec plus de 200 extraits de films au compteur, la cohérence qualitative de l’image aurait pu souffrir sérieusement. Il n’en est rien ! Cristalline, l’image bénéficie d’un traitement de grande classe, aussi bien pour les films les plus anciens (avec des noirs et blancs solides) que les plus récents (les couleurs folles de "Messiah of Evil", chaleureuses de "L.A. Confidential"…). Même constat pour le son : la voix caverneuse d’Encke King nous entraine avec envoûtement à travers l’histoire et l’Histoire de la Cité des Anges sans jamais interférer avec les dialogues des extraits présentés.

Curieux bonus que cette featurette appelée "The Tony Longo Trilogy". Ce montage de 14 minutes autour d’un second couteau du cinéma hollywoodien, aperçu entre autres dans "Splash", "16 bougies pour Sam" et "Comment se faire larguer en 10 leçons", revient sur trois de ses films basés à Los Angeles. Videur de nightclub balourd dans "Le Prix du pouvoir", chauffeur au coup de poing facile dans "Mulholland Drive", routier terrorisant Rob Lowe dans "Le Jeu de la vengeance"…La sélection laisse perplexe (quid du "Dernier Samaritain" ou de "L’Effaceur" ?). Original mais très dispensable.

INFORMATIONS

- Support : Blu-ray
- Durée du film : 170 minutes
- Image : 1.78:1 - 1080/23.98
- Son : anglais DTS-HD Master Audio 2.0
- Sous-titres : français
- Éditeur : Carlotta
- Date de sortie : 5 septembre 2023
- Bonus :
* "The Tony Longo Trilogy" (14min)
* Bande-annonce
* "Los Angeles Plays Itself - Reflexions" : livret exclusif de 32 pages (non testé)

François Rey Envoyer un message au rédacteur