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MARCHE AVEC LES LOUPS

Marche derrière le vieux loup

Jean-Michel Bertrand parcourt les reliefs alpins, à pied et à sac à dos, dans le but d’élucider le mystère de la dispersion des loups. Jour après jour, son quotidien d’aventurier est détaillé dans ses moindres détails…

Marche avec les loups film image

On aimerait bien les voir, les loups. On aimerait bien se sentir dans la position privilégiée de celui qui, animé par une démarche écolo et une fascination sans limite pour ce prédateur tant décrié, poserait un regard précis sur leur quotidien. Au pire, si le loup est censé rester du domaine du hors-champ, on attendrait que le réalisateur réussisse à stimuler un minimum notre imaginaire par un vrai parti pris de mise en scène. Mais non. Enfin, pas vraiment. Tout ce que l’on suit ici, c’est le quotidien d’un baroudeur-ermite à travers les montagnes, à savoir Jean-Michel Bertrand qui marche, qui bouffe, qui se repose, qui pose son matériel pour espionner des loups qui n’apparaissent presque jamais, et qui parle beaucoup en voix-off. Le sujet, c’est lui, plein écran. Et ce qui constitue ses journées sert ici de moteur narratif et subjectif, sous un emballage de documentaire objectif. A titre d’exemple, rien que le simple fait de le voir faire maladroitement tomber son morceau de raclette après l’avoir fait cuire le temps d’une pause nocturne dans une grotte, est ici monté comme une scène dramatique – c’est dire si l’on trouve ça passionnant.

Les quelques considérations écologistes drainées ici et là – dont un petit topo sur l’extermination massive des loups des Hautes-Alpes par les humains – ne sont que des flocons de neige éparpillées sur une pleine enneigée où l’on attend en permanence que quelque chose de l’ordre de la promesse initiale du film puisse germer. Une promesse qui reste hélas lettre morte (ce qui était déjà le cas dans "La Vallée des loups", précédent épisode nomade du réalisateur), et qui, de ce fait, incite le spectateur à rester dans une optique de pure contemplation. Là-dessus, vis-à-vis de sa seule dimension de sous-"Ushuaïa", le verdict est indiscutablement positif : les paysages sont sublimes, la caméra les magnifie en permanence, et la musique envoûte suffisamment pour que l’on savoure la durée du voyage sans avoir envie de déchausser. Mais pour ce qui est des loups, on cherche encore.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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COMMENTAIRES

Ciné-à-l'eau

mercredi 13 janvier - 11h47

2021 0106/3 Hors un titre détourné-usurpé, c’est pas la B.B.C. non plus, mais à nouveau un pseudo-documentaire animalier franco-français égo-centré sur le nombril de celui qui s'y met en scène. On assiste donc d’abord à une très longue introduction du bipède concerné, qui, curieusement, cumule comportements ni très nature, ni très écolo. De temps à autres, quelques quatre pattes divers jusqu’à du volatile viennent détourner du sujet principal : J-M. Bertrand. En voix off du fumeur de longue date : J-M. Bertrand. En loup solitaire (mais toujours filmé pleine face) : J-M. Bertrand. C’est souvent, mais si J-M. Bertrand ne dort, c’est qu’il baffre. Autrement on peut entendre l'animal grommelé. Et comme s’il lisait dans les pensées du spectateur qui souffre, Il lui arrive même de jurer : «Ha je suis con !». C’est lui qui le dit, c’est lui qui voit. Nous on verra pas grand chose d’autre. Si, quand même en alpage et accessoirement, quelques loups en errance et autres bestiaux en survivance. Au final, on arrive pas bien à saisir si ce truc est donné comme plaidoyer animaliste premier degré. En tous cas J-M. Bertrand toujours, ne s’embarrasse pas de contradictions. Jusqu’à quelques bonnes ficelles de renard bien pendu et techniques de traçage. Où comment piéger dans une vallée tout ce qui y resterait à flinguer, grâce à de subtiles caméras à déclenchement de sales gueules. Machin fait donc son bonhomme de chemin. Normal c’est la mode. Même Manu est en marche. Mais à ce type de notoriété… Désolé, ici on marche pas avec les loups d’un naturel opportunisme teinté de cynisme. À moins qu’il ne s’agisse de simple mercantilisme.

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