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LA VALLÉE DES LOUPS

Images à couper le souffle pour documentaire légèrement bancal

Dans une vallée reculée des Alpes, un homme dont le rêve avait été autrefois de voir de ses propres yeux un aigle, rêve aujourd'hui de voir un loup. Peu à peu il découvre les preuves de l'arrivée de l'espèce en France, et va chercher à la filmer...

Il y a dans "La vallée des loups" quelque chose de l'ordre de la traque obsessionnelle. Celle visuelle, cherchant à trouver la trace et apercevoir une meute de loup, et celle personnelle, que cet homme (Jean-Michel Bertrand, déjà auteur de "Vertige d'une rencontre") mêle à un profond respect de la nature. S'intégrer dans un territoire en tant que créature et non s'imposer en humain envahisseur, c'est donc la manière clairement affichée par le protagoniste du film pour se faire accepter et donc approcher cette meute de loups tant espérée.

On suit donc Jean-Michel Bertrand, pissant régulièrement à divers endroits pour marquer sa présence, posant des caméras à déclenchement automatique aux quatre coins de la vallée et déplaçant son bivouac en divers endroits, les espérant à chaque fois plus pertinents. On observe ses échecs, ses déceptions, mais aussi ses joies et réussites, et surtout sa patience. Seul défaut à toute cette incroyable histoire, l'absence de choix entre la voix-off et le récit face caméra, le protagoniste se plaçant entre la nature et le spectateur, parfois à bon escient, parfois inutilement.

Parlant régulièrement tout seul, sans s'adresser à la caméra, il mêle maladroitement réflexions spontanées et textes trop écrits, effaçant au passage le naturel de la séquence précédente. De plus, l'ellipse quasi totale (un téléphone portable apparaît sur le tard...) sur les questions de ravitaillement et le découpage du film, tendant à nous faire croire à l'effort solitaire et à une quasi continuité de deux ans de l'histoire, finissent par faire naître mille doutes dans l'esprit du spectateur. Le contraste entre la petitesse des sacs à dos, la durée affichée des séjours, et surtout les nombreuses scènes de bouffe loin de sentir le rationnement, finit par marquer plus que l'ampleur des actes, et par faire regretter, que ces séjours, forcément assistés, ne soient pas vendus comme tels.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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