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L'ADIEU À LA NUIT

Un film de André Téchiné

Un récit éclairé sur l'embrigadement islamiste

Muriel, éleveuse de chevaux dans le sud de la France, ne cache pas sa joie de voir Alex, son petit-fils, lui rendre visite, avant de partir vivre au Canada. Au détour d’une promenade, elle découvre que celui-ci s’est converti à l’Islam. L’inquiétude l’envahit peu à peu…

L'adieu à la nuit film image

André Téchiné ("Ma saison préférée", "Les égarés", "Les témoins") a présenté son nouveau film hors compétition à la Berlinale, recevant un accueil chaleureux pour cette œuvre délicate qui traite d’un sujet qui ne l’est pas moins. Après "Exfiltrés", sorti récemment, et avant l’un des films en compétition à Cannes, le sujet du départ pour le Djihad et la Syrie est au centre d’un récit qui montre l’incompréhension individuel tout autant que l’incapacité de la société française à penser ce phénomène dans sa globalité.

Montrant la confrontation d'une grand mère à la radicalisation de son petit fils, son scénario, co-écrit avec Léa Mysius, dessine la détermination d’Alex (Kacey Motey Klein, parfait entre marques de tendresse retenues et coups de sang) et la gentillesse de façade de Lila (Oulaya Amamra, découverte dans "Divines", parfaite en jeune femme dont la rigidité transparaît ponctuellement derrière un sourire enjoleur). Par petite touches, il évoque non seulement les raisons du refuge dans la religion (l’échec universitaire, le fait que « la religion ça donne de l’espoir » pour une génération en manque de perspectives…), et esquisse les rouages d’un embrigadement (dévoiement de la religion via internet, croyance que « c’est la vie après la mort qui compte »…).

Face à ces deux personnages troubles et troublés, André Téchiné a demandé à son actrice fétiche, Catherine Deneuve de jouer les grands mères bienveillante mais perturbée, et dont les questionnements dérangent le plan pré-établi. Sans jamais verser dans le pathos, il pose les petits rituels quotidiens comme rempart à une barbarie qui s'insinue même dans les endroits les plus apaisés, et cible de faux rêves naïfs, pour mieux au final, montrer l'impasse d'une radicalisation dont il espère tout de même un retour possible. Si "L'adieu à la Nuit" n'est pas un grand film, il a en tous cas le mérite de poser les bonnes questions et de garder l’espoir en l’humain.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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