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DOGVILLE

Un film de Lars Von Trier

La condition humaine selon Lars Von Trier

A Dogville, petite ville des Rocheuses, composée simplement de quelques maisons, arrive un soir, une jeune femme, Grace (Nicole Kidman), poursuivie par des gangsters. Encouragés par le prêcheur local, la petite communauté tendra la main à la fuyarde…

C'est à une démonstration effrayante que nous convie Lars Von Trier. Déjà habitué, depuis quelques films à livrer une vision du monde plutôt noire, à laquelle le spectateur ne peut échapper (" Dancer in the dark ", " Breaking the waves "), il créé ici le point d'orgue de sa démonstration des noirceurs de l'âme humaine, peu enclin au partage ou à la compréhension de l'inconnu.

Partant d'un accueil bienveillant, quoiqu'un peu forcé vis à vis de cette jeune femme en danger, il donne à voir peu à peu la vraie nature de chacun des personnages qui composent la meute. Derrière la charité il montre la cupidité, derrière la bienveillance, la suspicion, ou encore derrière la générosité : l'exploitation. Car c'est pas là le thème principal du film : jusqu'à quel point l'homme est il capable de générosité désintéressé ? Et quel niveau d'humiliation est-il prêt à accepter en échange d'une protection, d'une complicité ?

Nicole Kidman devient ainsi l'objet de tous les avilissements et de toutes les convoitises, dans ce monde refermé sur lui-même, dont les seules logiques ou valeurs sont le travail et la méfiance d'autrui. Pau à peu, pleine de bonne volonté, elle doit faire face aux exigences de chacun des membres de la communauté, dévoilant leurs intérêts privés. Le principe de mise en scène ne fait que renforcer le malaise d'un spectateur livré à des sentiments inverses et à une implacable mise en abîmes de ses propres désirs ou réactions.

On oublie rapidement l'absence de décors, remplacés par de simples tracés au sols, représentant les murs des maisons, églises et autres hangars, donnant à voir quelques buissons ou montagne. Seules les voitures introduisent presque une donnée inhumaine dans ce jeu de quilles macabre, où les masques tombent un à un, et où l'interprétation (magistrale) de chacun est finalement l'essentiel. Chez Lars Von Trier, personne n'est blanc, tout le monde est infiniment noir. Une vision de l'humanité sans concession, un rien totalitaire, que certains rejetteront forcément.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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