OSS 117

 

POUR : Le grand détournement

La France envoie au Caire son meilleur agent secret, le célèbre et non moins stupide OSS 117. Il a pour mission de remettre de l’ordre dans le pays, véritable nid d’espions et de criminels en tous genres…

Les comédies françaises de qualité étant rarissimes, le créneau étant pollué par les cartons de nanars tels que les Bronzés ou les films de Francis Veber, apprécions à sa juste valeur la très haute tenue de cet OSS aussi hilarant qu’alléchant pour l’œil. Sa réussite tient en deux mots : respect et créativité. Respect d’un genre ultra codifié, le film d’espionnage, et de l’esthétique très cheap des années 50-60.

Créativité surtout, avec la capacité jubilatoire d’Hazanavicius à créer décalage sur décalage, profitant de la distance existant entre les canons visuels d’hier et l’humour d’aujourd’hui. Le pastiche se démultiplie à l’infini, au fil de scènes instantanément cultes. Chaque séquence est ainsi l’occasion pour le réalisateur de faire l’étalage de son inventivité, du « Bambino » chanté en arabe aux flashbacks connotés gays, en passant par des faux raccords volontaires parfaitement sentis.

L’humour du film repose évidemment pour beaucoup sur le personnage d’OSS 117, espion misogyne, raciste et nationaliste, recréation du français d’antan dont les travers se révèlent aujourd’hui fendards. Surtout, il y a Jean Dujardin, entre le génial et l’énorme, drôle avec sa voix, son corps, ses attitudes, bref : drôle. A l’image d’un pur film de genre soigné doublé d’une formidable comédie. Un degré de sophistication que l’on rencontre que trop rarement sous nos latitudes, renvoyant aux grands comiques classiques tels que Blake Edwards ou même les ZAZ. C’est dire l’excellence d’un OSS qui, on l’espère, aura une suite !

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

Un film difficile à juger que cet OSS 117, et on sent déjà que la rédaction s'achemine vers un pour/contre tant il semble diviser le public. Au final, c'est surtout un relatif sentiment d'ennui qui domine. Le film semble alors raté, ne parvenant que très rarement à nous décrocher un sourire ou un rire, et s'avérant alors particulièrement lourd et long.

Et pourtant, on ne peut que souligner le travail de Michel Hazanavicius sur ce film, avec notamment une esthétique très travaillée visant à une ressemblance avec les films des années 50 : une véritable réussite. Les images sont belles, en cohérence avec l'époque… De même, les deux personnages principaux, l'agent secret et son guide sont bien sentis, et pourraient, en d'autres circonstances former un duo attachant et percutant.

Mais dans OSS 117 tout est exagéré. Les traits sont forcés, tant sur le racisme ambiant que sur la débilité du personnage. L'humour s'avère alors le plus souvent inefficace. De même, Jean Dujardin, dans le rôle d'OSS est sans cesse dans l'excès, et peine finalement à convaincre. « Un peu de Sean, et beaucoup de Connerie » répète-t-il a tors et a travers, on ne peut que le croire, mais trop de connerie tue la connerie !

Enfin, la référence aux films d'agents secrets n'est pas réellement exploitée. On n'est ni dans un véritable James Bond, ni dans une parodie à la Austin Powers. Comme on le voit, OSS 117, avait tout pour faire un très bon nanar, un film qui serait resté dans le mémoire pour une originalité assumée et amusante. Mais il n'en est rien, à force de vouloir concilier la chèvre et le chou, OSS 117 se retrouve le cul entre deux chaises… et peine à convaincre.

Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur

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