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Nos conseils pour le Festival Chéries Chéris 2021

30 juin 2021
Festival Chéries Chéris 2021 Vent Chaud - DR
© Optimale Distribution

La 26e édition du Festival Chéries Chéris, dédié au film LGBTQ+ s'est ouverte ce mardi 29 juin avec la présentation du très élégant mais austère "Ammonite" de Francis Lee (auteur remarqué pour "Seule la terre"), mettant en scène le duo Kate Winslet / Soirse Ronan, dans l'Angleterre cotière de la première moitié du XIXe siècle. Un film qui ne sortira finalement pas en salles, mais sera diffusé directement sur MyCanal en SVOD. Le Festival Chéries Chéris c’est du mardi 29 juin au mardi 6 juillet 2021 au Mk2 Bibliothèque.

Nos conseils pour la compétition longs métrages de fiction

En compétition longs métrages cette année, le très sensuel film brésilien "Vent Chaud", découvert à Berlin en 2020, devrait semer quelques troubles, autour des fantasmes et de la jalousie d'un bear quarantenaire fasciné par un autre homme, employé dans la compagnie minière où il travaille. Un film esthétiquement très réussi. A découvrir également le nouveau film de l'argentin Marco Berger, "Le Prédateur" toujours aussi doué pour filmer les corps dénudés, histoire vénéneuse d'un adolescent solitaire qui rencontre un garçon séduisant dont le dessein pour lui n'est pas forcément celui qu'on croit. Une histoire glauque mais pertinente. Le sud africain Oliver Hermanus ("Beauty") nous revient quant à lui, avec le portrait d'un jeune afrikaner homosexuel faisant son service militaire. "Moffie" est un récit lumineux, à la sublime photographie, où est mis en évidence le sort réservé à ceux dont on découvre l'orientation sexuelle.

Côté féminin, le festival sera l'occasion de découvrir le très beau duo d'actrices du fimm chilien "Les sentiers de l'oubli", histoire d'une rencontre entre une veuve ayant décidé de partir à la ville rejoindre sa fille et son petit fils, et rencontrant une déroutante chanteuse. Un très beau récit de l'approche amoureuse. Notons également la présence de "Las Mil y Una", œuvre argentine dans laquelle une jeune fille de 17 ans s'éveille au contact d'une autre, et doit faire face avec liberté aux rumeurs qui courent sur elle. Enfin, si "A Good Man" permet à Noémie Merlan de s'emparer du rôle casse-gueule d'un homme trans, décidant de porter un enfant, sa compagne ne pouvant pas en avoir. Un film troublant porteur de multiples questions sur le rôle de chacun dans le couple.

Complètent cette sélection compétition, fortement marquée par la présence de l'Amérique latine, les film "Comets", "Cicada", et "Vendra la muerte y tendra tus ojos". Mais aussi le très décevant long métrage allemand "No Hard Feelings", improbable portrait d'un trio qui mélange allègrement tous les sujets possibles, ceci jusqu'à la nausée. Un film navrant, à éviter donc.

Nos conseils pour la compétition documentaires

Le film à ne surtout pas rater côté documentaire est une production HBO, prix du publix au Panorama de Berlin 2020, intitulée "Bienvenue en Tchétchénie". Il s'agit d'un documentaire percutant, suivant des groupes d'activistes dans leurs prouesses quotidiennes, visant à faire sortir du pays des personnes LGBT. Une immersion qui fait tout juste froid dans le dos, et dessine en arrière plan un véritable massacre organisé, dont la perversion remonte jusqu'aux sommets de l’État. A noter également l'intrigant "Bare", dans lequel 11 hommes nus répètent une chorégraphie de Thierry Smiths, et l'angoissant "Un Viaje en Taxi" dans lequel un homme témoigne d'une agression à l'âge de 17 ans, dont il n'avait jamais parlé.

Le reste de la sélection est composée de "La Casa dell'Amore", "Keyboards Fantaisies", "Her Mothers", "Ich Bin Anastasia", "El Viaje de Moanlisa" et "Always Amber".

Un aperçu de quelques autres films

Si vous avez un peu de temps, profitez donc du Panorama fictions pour découvrir le sensible et touchant portrait d'une jeune fille évoluant dans un monde de mecs, et s'ouvrant au monde lorsqu'elle croise une bande de skateuses dans "Je m'appelle Bagdad". Vous pouvez aussi vous laisser séduire par "Le Temps des luttes", portrait de Mario Mieli, activiste LGBT italien, ayant fondé un mouvement dans les années 70, ou encore par "Kokon", histoire de passage à l'âge adulte certes peu originale, mais portée par une excellente actrice.

Enfin en séances spéciales, ne manquez pas l'italien "Pour Toujours", qui allie le charme de ses interprètes, les questions d'homoparentalité, mais aussi de l'usure du couple, avec en vedettes Stefano Accorsi, Jasmine Trinca et Edoardo Leo, pour une comédie dramatique qui ne manque pas de piquant et d’élans de vie. Pour ce qui est du très attendu "Saint Narcisse", s'il vaut le détour pour son concept (un homme amoureux de son image, découvre qu'il a un frère jumeau...), ce dernier né de Bruce LaBruce ne tient pas toutes ses promesses, s'enlisant aux trois quarts entre des personnages qui n'évoluent pas. Quant au film de clôture, "Tomber pour Ali", naïve histoire d'amour entre un réfugié syrien et un avocat lituanien déprimé, il est parfaitement dispensable, traitant le sujet par des raccourcis à la superficialité assez stupéfiante. Une évidence notamment pour qui aura découvert depuis le subtile et bouleversant "Flee", documentaire en animation sur un réfugié syrien homosexuel, qui a remporté 3 prix au dernier Festival d'Annecy. Mieux vaut donc attendre la sortie de ce dernier, ou préférer une rediffusion d’un classique LGBT.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur