LES TROIS FANTASTIQUES

On éprouve un grand plaisir à découvrir cette petite bande à la débrouillardise attendrissante, quitte à s’arranger un peu avec la vérité. Car les trois copains, histoire de se payer une colonie de vacances, font le tour des maisons en bande du quartier, vendant des cookies au soi-disant au profit des manifestants qui tentent de sauver l’usine locale de la fermeture. Dans un contexte de cité ouvrière (le plan où ils contemplent la rue en pente qu’ils vont dévaler à vélo, avec ses alignements de part et d’autre est typique d’un milieu ouvrier du nord), on s’attache donc rapidement à Vivian, fils d’ouvrière vivant ses premiers amours, Tom, qui voudrait être chanteur, et Max, dont la mère est dépressive et le frère désormais en liberté surveillée.

Dans le rôle de ce dernier, on retrouve la coqueluche du moment, Raphaël Quenard ("Chien de la casse", "Yannick"...) dans un nouveau rôle de jeune homme borderline, dont on ne sait trop quelle est la part de véracité et de calcul dans les excuses tentées envers une mère (Emmanuelle Bercot) qui ne le croit plus et la peinture qu'il fait de lui-même comme un gamin insouciant mais accusé de braquage. "Les trois fantastiques" explore, entre la comédie et le drame, la bifurcation des chemins entre ces trois garçons, joliment incarnés par Diego Murgia, Jean Devie et Benjamin Tellier, avec la fermeture des perspectives locales pour la mère du premier, la tentation de suivre les traces d’un frère à problèmes, mettant au passage le trio face à une jeune fille séduisante, un garçon harceleur et un gang de dealers. Trois occasions que le scénario transforme en tests d’une amitié voulue comme solide, à l’approche d’un âge adulte qui peine à fournir des modèles fiables.