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WHEN THE LIGHT BREAKS

Un film de Rúnar Rúnarsson

Grandir d’un seul coup

Una, étudiante en art, est devenue l’amante de Diddi, avec lequel elle admire le soleil couchant. Ils terminent ensuite ensemble au lit, alors que leur pote Gunni est parti lui avec un mec, à la fin d’une soirée. Diddi, qui est en couple avec Klara, semble bien décidé à rompre avec celle-ci. Au petit matin lorsque Una se réveille, il est déjà parti, devant prendre un vol très tôt. Alors qu’elle retourne en classe, aux informations, est annoncée une explosion dans un tunnel, devenant peu à peu un drame national du fait du nombre de morts. Le téléphone de Diddi est coupé et son frère débarque en panique, lui annonçant que, le vol ayant été annulé, celui-ci a pris la voiture en compagnie de Ricki, un ami…

Rúnar Runarsson, auteur de "Sparrows" et "Echo" a fait l’ouverture d’Un certain regard hier soir, précédé du court métrage de Judith Godrèche "Moi Aussi", sur des témoignages de victimes de violences sexuelles, avec son nouveau long métrage "When the Light breaks". Une œuvre toute en finesse qui fait le portrait d’une jeune femme en devenir, confrontée à un drame qui la dépasse et vient faucher les espoirs d’une histoire que les premières minutes du film venaient dépeindre dans la douceur d’un coucher de soleil puis d’un lit. Utilisant symboliquement, lorsque l’on pénètre pour la première fois dans son école, des exercices des étudiants devant représenter leurs interactions ou leurs impacts sur les autres (il y a là quelques expériences amusantes...), c’est justement à sa capacité à gérer le face à face avec les amis de son amant et surtout avec la compagne de celui-ci, ignorant leur liaison, que va s’intéresser le scénario.

D’abord en retrait et fuyante (voir le magnifique et symbolique plan où elle apparaît face à la mer, vue au travers des vitres du centre d’aide aux familles), cette jeune fille rousse, les cheveux très courts, le visage fermé, va peu à peu affronter le drame avec courage, la jeune actrice Elín Hall parvenant avec une sublime justesse à nous transmettre les nuances d’une souffrance solitaire qui se meut progressivement en partage. Empreint d’une profonde humanité, "When the Light breaks", dont l’action se déroule sur une seule journée, parvient sans mal à émouvoir, grâce à une mise en scène d’une extrême pudeur, basée sur ce qu’il faut de symbolique (le très beau plan sur les silhouettes des deux jeunes filles à contre jour, la lumière du soleil entre elles…) ou de poésie (la façade de l’église qui se transforme en stade selon le point de vue…), et accompagnée de chœurs aériens aux voix cristallines. On en ressort le cœur en morceaux, mais prêts à recoller ceux-ci.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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