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LES TORTUES

Un film de David Lambert

Faire plus que coexister après la retraite

Thom se faisait une joie de voir son mari Henri, policier, arriver enfin à la retraite. Il imaginait qu’ils allaient enfin pouvoir faire des tas de choses ensemble. Mais face a l’absence soudaine d’activité, Henri se referme sur lui-même et au contraire, commence à fuir Thom, qui se montre trop pressant…

"Les Tortues" trouve son titre dans ces deux animaux qui coexistent dans leur aquarium pendant qu’Henri et Tom coexistent dans leur appartement, n'ayant plus de vie sexuelle ensemble et devant trouver un autre rythme et d'autres motivations une fois la retraite venue. Car, si Thom a l'esprit à la fête, improvisant une chorégraphie pour son compagnon, Henri lui, éclate en sanglots, et se trouve à perdre ses repères, entre journées répétitives et mornes, alourdies par la présence permanente de Thom, qu'il finit par trouver envahissante.

Le long métrage de David Lambert a remporté de nombreux prix dans des festivals LGBT, notamment celui du meilleur film au Festival Torino Lovers et au Wicked Queer de Boston. Il faut dire qu'il fait partie des rares films à dépeindre un couple gay âgé (on pourrait citer "Deux" de Filippo Meneghetti, dans un registre proche), ses difficultés, ses querelles anodines ou non, la disparition malheureuse de l'attirance physique... En nous entraînant dans le sillage des deux personnages, dans leur jeu des jalousies réciproques, dans leurs provocations ayant autant comme objectif de faire exploser la routine que de raviver la flamme, dans leurs choix de dérivatifs à l'amour qui existe encore (la présence du chien policier vient redonner un peu de dynamique à l'ensemble…), le réalisateur-scénariste vise plutôt juste.

Dave Johns ("Moi, Daniel Blake"), que l'on découvre comme le plus amoureux des deux par un simple regard lancé par dessus l'épaule de son compagnon dès la scène d'introduction dans le lit conjugal, en fait par moment un peu trop, peinant ainsi un temps à emporter une totale empathie de la part du spectateur. Olivier Gourmet s'en sort lui haut la main, trouvant une vraie justesse avant tout dans ses scènes de colère. Au final, porté par un scénario convainquant, le quatrième long du réalisateur de "Hors les murs" a le mérite à la fois de la sincérité et d'une certaine forme d'optimisme derrière l'inévitable usure du couple.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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