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WENDELL ET WILD

Un film de Henry Selick

Séduisant mais une mise en scène ratée

La jeune Kat se considère comme responsable de l’accident qui a tué ses parents. Devenue une ado rebelle, elle purge une peine dans une prison pour mineurs puis obtient une liberté conditionnelle. Elle est alors envoyée dans un pensionnat pour jeunes filles située dans sa ville d’origine, cinq ans après la mort de ses parents. Elle découvre une ville quasi abandonnée, qu’une société peu scrupuleuse veut raser entièrement afin d’y construire une prison privée. Pendant ce temps, en Enfer, deux démons décident de contraindre Kat à les invoquer pour les faire venir dans le monde des vivants…

Wendell et Wild film d'animation animated movie

Sortie le 28 octobre 2022 sur Netflix

Sur le papier, "Wendell et Wild" est un alléchant film d’animation aux allures burtoniennes qui apparaît comme un retour en forme de Henry Selick, le réalisateur du cultissime "L’Étrange Noël de monsieur Jack", qui n’avait rien sorti depuis "Coraline" en 2009. C’est d’autant plus prometteur que le scénario est cosigné par Jordan Peele, l’auteur de "Get Out". Et c’est d’autant plus intrigant qu’il s’agit de l’adaptation d’un livre jamais publié à ce jour, coécrit par Henry Selick et Clay McLeod Chapman.

Malheureusement, la sauce ne prend pas vraiment, la faute à une mise en scène brouillonne qui paraît tirer des fils scénaristiques dans tous les sens, lesquels s’entremêlent dans une grande pagaille sans prendre toujours la peine de présenter correctement les personnages. L’alternance entre les deux univers – d’une part l’enfer, d’autre part le monde des vivants – entraîne une grande confusion initiale qui freine un peu l’envie de se plonger dans cette histoire. On se demande aussi pourquoi le film est intitulé "Wendell et Wild" au lieu de rendre à Kat ce qui appartient à Kat, c’est-à-dire son statut d’héroïne principal, alors que les deux personnages du titre (des démons, fils du diable ici nommé Buffalo Belzer) sont plus secondaires (bien qu’essentiels).

Le faux rythme n’aide pas non plus à s’enthousiasmer pour cette histoire, c’est même un peu mou par moments, avec les mêmes faiblesses qu’avait déjà "James et la Pêche géante". La bande-son compense un peu ce manque de dynamisme, avec d’un côté une belle BO signée par le Français Bruno Coulais, et de l’autre un ensemble de titres préexistants souvent afro et punk-rock mais aussi soul, R&B et ska : The Specials, Fishbone, Hot Chocolate, Ibeyi, Tamar-kali, Big Joanie, Death...

On aurait pourtant vraiment aimé s’enthousiasmer bien plus pour "Wendell et Wild", aux côtés de Kat, héroïne rebelle et écorchée vive, de Raúl, un garçon trans d’une grande sensibilité humaine et artistique, ou des démons déjantés évoqués plus haut. Reste au moins une satisfaction et non des moindres : l’esthétique à la fois gothique et bariolée de cette animation en volume (qui donne étrangement l’impression d’être de l’image de synthèse). L’univers était fantastique dans tous les sens du terme, mais la mise en œuvre donne un goût de gâchis.

PS : puisqu’il n’est pas entièrement inintéressant de regarder ce long métrage, visionnez-le jusqu’au bout du générique, pour le petit making-of qui y est intégré (et qui permet donc de prendre la mesure de tout le travail accompli pour ce qui est malgré tout une réussite visuelle) et pour une sympathique petite vidéo finale.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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