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VERSAILLES

Un film de Pierre Schoeller

Sous Dardennes

Une SDF vit avec son fils dans les recoins de divers chantiers. Délogée, elle est obligée de partir dans les bois, où elle s'installe auprès d'un jeune homme qui s'est fait son propre abris. Un beau matin, elle disparaît, laissant derrière elle son enfant, à cet homme bien désemparé...

Les frères Dardenne font des émules. Mais ce n'est pas forcément gage de grande qualité. « Versailles » est encore l'une de ces histoires misérabilistes à souhait, qui fustigent un système social forcément insuffisant, mais sait émouvoir au passage. Laissant de côté la mère, pendant un bon moment, le récit se concentre sur les rapports entre l'enfant et ce père de substitution, qu'interprète Guillaume Depardieu, la rage au ventre. Convaincant, l'acteur donne toute sa dimension à la notion d'amour désintéressé, en adoptant le garçon au sens figuré comme au sens propre.

Le but ici est donc d'échapper à tout prix aux services sociaux, sources de tous les maux, de toutes les séparations, de tous les mépris. Et quand on revient à la mère, heureusement, l'émotion est là pour sublimer un propos lourd jusque dans ses symboles (la traversée improbable des jardins, puis du château de Versailles par le gosse en guenilles). Quand on est dans la détresse, certains gestes d'affection sont douloureux. Et le réalisateur sait capter ces moments, lorsqu'en tant qu'aide soignante, sur la piste d'une réinsertion sociale, la mère frémit alors qu'une vieille lui murmure un « merci » ou qu'un vieux l'invite à danser. On aurait aimé que le film soit à cette image, au lieu de tirer à boulets rouges sur un système, sans proposer aucune solution.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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