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ROSARIO

Un film de Emilio Maillé

Portrait d'une dévoreuse de vie

Un jeune homme entre dans un hôpital en criant. Il porte dans ses bras une jeune femme ensanglantée. Obligé de rester en salle d’attente pendant qu’on opère celle-ci, bouleversé, il a bien du mal à répondre aux questions de l’infirmière. Lorsque celle-ci lui demande le prénom de la fille, il répond: Rosario…

Le début de ce film est un peu déroutant. Après la première scène, on découvre deux amis, fervents clients de boîtes de nuits clinquantes et artificielles, où les VIP évoluent à l'étage, séparés de la plèbe. L'une de ces personnalités, Rosario, va se mêler au public et rencontrer le plus âgé des deux. Etrangement cette incursion dans le passé dure plutôt longtemps, diluant notre intérêt pour l'action présente, située dans l'hôpital. Mais le spectateur prend vite l'habitude de ces longs flash backs qui constituent finalement le coeur de l'histoire, et dessinent peu à peu le captivant portrait d'une femme hors normes. Son destin semble malheureusement tout tracé, comme celui de milliers d'habitants de Medellin, capitale de la drogue.

Hormis la découverte d'un monde de plaisirs fugaces et d'apparences trompeuses, le film offre surtout une description de la vie d'une tueuse professionnelle, aux valeurs qui provoquent nombre d'interrogations. D'un côté, cette Rosario ne semble faire aucun cas de la vie des autres, qui reste une simple marchandise. De l'autre, elle semble avoir un sens aigu de la famille, mêlé à des rancœurs que la dignité ne lui permet d'exprimer que de manière limitée. Ces dernières se retrouvent mises à nue dans ses désirs de vengeances, comme dans ses rencontres frontales avec une mère absente qui a pris le parti d'un père incestueux. Malgré son passé chargé et sombre, l'actrice, remarquable Flora Martinez, rend à merveille la volonté de danser, de vivre, d'aimer et de rêver de cette anti-héroïne. Et ce récit, que met en image avec dynamisme Emilio Maille, paraît au final d'autant plus cruel qu'elle rencontre enfin quelqu'un de bon, qui semble la toucher. Ceci alors même que son destin de citoyenne de Medellin semble la rattraper. Un beau coup de poing.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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