Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

LE RENARD ET L'ENFANT

Un film de Luc Jacquet

Superbe photo pour discours simpliste

C'est l'automne. Une petite fille se ballade en forêt, où elle surprend un renard. Elle n'aura de cesse que de le chercher, établissant à chaque fois un contact un peu plus proche...

Les puristes diront que la manière dont la petite fille agit dans le film avec le renard représente tout ce qu'il ne faut pas faire avec un animal sauvage. D'abord parce que les renards ne sont peut-être pas aussi dociles dans la réalité, ensuite parce que cela va complètement à l'encontre d'une volonté de non domestication. Peu importe. Car au fond, le film de Luc Jacquet (« La marche de l'empereur ») est un conte, destiné aux plus petits, et à ceux que la nature continue à émerveiller.

Malheureusement, derrière l'exploit technique incontestable (tout le travail ne se perçoit pas du tout), et malgré une photographie absolument sublime, on reste un peu sur sa faim devant la simplicité de l'histoire et du propos sur les dangers de la captivité. Si la scène où le renard se retrouve enfermé dans une chambre est assez efficace, le reste s'avère tellement contemplatif que le public visé, les enfants, aura bien du mal à tenir son attention sur l'écran durant les 1h32 de film.

La voix-off d'Isabelle Carré n'ajoute pas grand chose aux images, tandis que l'interprétation de la très mignonne Bertille Noël Bruneau, déjà fortement remarquée dans « La petite chartreuse » finit par agacer tant elle est minimaliste, et finit par ses réduire à quelques pauses. Quand on connaît les capacités de cette remarquable jeune fille, on est forcément énervé ici par son allure impeccablement peignée, la mèche en permanence sur le coté. De quoi être déçu en effet.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

COMMENTAIRES

Gérard Malavois

lundi 1 mars - 10h49

Merci au réalisateur, Luc Jacquet, ainsi qu’aux acteurs, pour ce film qui est un vrai petit bijou, à savourer pleinement en famille. Loin d’être un joli conte imaginaire pour enfants, ce film se révèle être une véritable fable philosophique pour adultes. Au-delà de la relation d’émerveillement qui s’affirme dans la complicité d’amitié singulière qui s’établit au fil des jours entre une petite fille et un renard, le film nous rappelle non seulement que l’émerveillement est une jouissance, mais que la vie elle-même est une jouissance permanente. Mais aussi, malheureusement, que l’être humain ne peut être qu’en souffrance, parce qu’il est coupé de la communauté de l’être primordial, de l’être générique, parce qu’il est coupé de la sacralité.

Finalement, ce que le film exprime à travers l’enfant (qui est présent en chacun de nous), c’est notre aspiration à une vie humaine ou les êtres humains ne seraient plus séparés d’eux-mêmes (l’homme étant devenu étranger à lui-même, dépossédé de son humanité), ou les êtres humains ne seraient plus séparés de la nature, ou ils ne seraient plus séparés de la beauté du monde. Le message que le réalisateur du film semble vouloir nous transmettre : c’est celui que l’être humain et la nature forme un tout dans une unité incoercible. Que l’être humain n’est pas dans la nature, mais qu’il EST la nature consciente, qu’il EST la nature humaine. C’est le fait que le sacral est en nous à chaque instant, comme dans le film ou il est présent chez la petite fille qui finit par réussir à établir une relation sacral de complicité avec un renard.

Le sacral, il est en nous lorsqu’on embrasse l’être que l’on aime, quand on mange un fromage que l’on respire, quand on boit un vin que l’on adore, mais il est aussi en nous quand on caresse un arbre dans la forêt… Le sacral est partout ! Cependant, la profanation de la nature par nos sociétés marchandes nous à nous-mêmes dénaturés. C’est de tout ça que nous devons nous rapproprier : la jouissance de la richesse du monde, la jouissance de la nature, la jouissance de la vraie vie que le fétichisme aliénatoire de la marchandise nous a tout simplement confisqué, lorsque s’est produit le passage de la communauté de l’être à la société de l’avoir… à partir de la révolution agraire qui a émergé au néolithique.

Laisser un commentaire