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LA PREMIÈRE ÉTOILE

Racisme ordinaire

Alors qu’il passe son temps à boire et jouer l’argent du ménage au bar PMU de sa cité, Jean-Gabriel met peu à peu sa famille en péril. Un beau jour, voulant épater ses enfants, il leur promet de les emmener en vacances au ski. Mais les moyens manquent et sa femme, lasse de ses mensonges, prend le large…

Loin de la comédie potache et caricaturale à la « Rasta Rocket », film sur une équipe jamaïquaine à la neige, « La Première étoile » se situe plus du côté de la comédie sociale, où les gags liés au décalage entre des Antillais de banlieue et les sports de montagne se limitent au strict minimum pour mieux aborder des thèmes plus sérieux comme la débrouillardise face au manque d'argent. Tout en douceur, et grâce à une galerie de personnages hauts en couleurs, Lucien Jean-Baptiste, surtout connu pour ses rôles au théâtre, dépeint la misère liée au chômage et l'exclusion par la couleur de peau, tout cela avec un sens du détail impressionnant.

Car même les personnages les plus caricaturaux en apparence, qu'il s'agisse de « bonne-maman » (Firmine Richard, véritable tête de mule esclavagiste) ou des propriétaires (Jonasz et Laffont, paranos et maladroits), tous agissent comme des révélateurs de vérités sous-jacentes, des rivalités Antillais / Africains, exprimées dans un formidable affrontement de salon de coiffure, au racisme ordinaire fait d'a priori et de doux euphémismes (voir la scène du Scrabble). Mais ce qui frappe le plus dans cette comédie doublement primée à L'Alpe d'Huez, c'est la tendresse du réalisateur pour cette famille bancale et pour son propre personnage, simplement bouleversant lorsqu'il sort de ses obsessions pour mieux saisir quelques instants d'un bonheur qui lui fait presque mal. Touchant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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