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PETERLOO

Un film de Mike Leigh

Une interminable et pesante reconstitution

1819. Après la défaite de Napoléon à Waterloo, c’est le Duke de Wellington qui est célébré. Joseph, l’un des soldats survivants, lui, rentre à Manchester dans sa famille, détruit et perturbé. Dans la ville, le peuple a faim et les revendications font trembler les notables. Du fait de tensions, un meeting politique est repoussé d’une semaine…

Mike Leigh, plus à l'aise dans les portraits de petites gens, mêlant drame et comédie (comme "Secrets et mensonges", palme d'or à Cannes, "Be Happy" prix de la meilleure actrice à Berlin, "Another year"), a déjà réalisé quelques films d'époques, dressant le portrait d’une avorteuse dans "Vera Drake", lion d’or à Venise, ou celui de du peintre J.M.W Turner dans "Mr Turner", prix du meilleur acteur à Cannes). Avec "Peterloo", voilà qu’il tente de saisir, non pas un intervenant en particulier, mais le vent qui se lève à une époque où les différentes de richesses étaient bien plus visibles qu’aujourd’hui.

Il tente donc de retracer les évènements qui menèrent à l'un des scandales politiques qui marqua l'Angleterre : le massacre de Peterloo, du nom de la place de Manchester (St Peter's Field) sur laquelle devait avoir lieu un rassemblement pacifique pro-démocratie. Avec minutie, il replace dans un premier temps ses personnages dans la suite des guerres napoléoniennes, avec le retour dans sa famille d'un jeune soldat, épuisé et traumatisé par la bataille de Waterloo. Puis il décrit un contexte particulièrement difficile, avec une profonde misère du peuple, soumis notamment à une flambée du prix du pain, suite à de mauvaises récoltes et à la limitation des importations.

Mike Leigh s’avère particulièrement efficace dans sa reconstitution lorsqu’il donne à voir une justice toute acquise aux possédants. Ici on est condamné à 14 jours de prison pour le vol de deux bouteilles, comme à 14 ans en Australie pour le vol d’une valise, ou encore pendu pour le vol d’un manteau... Plongeant dans le détail, il installe le fossé qui sépare le peuple des notables et dirigeants. Et le métrage aurait pu être pu devenir passionnant si c’est avant tout sur la peur des deux camps qu’il s’était concentré.

Au lieu de cela, Mike Leigh va faire progressivement du sujet de la revendication politique, le cœur du film, nous livrant une illustration minutieuse mais rébarbative des préparatifs du meeting. Entre l'exigence d'une représentativité du peuple lors des élections, les revendications pour le vote des femmes, les rouages du pouvoir en place, il a du coup bien du mal à faire jaillir la moindre tension. L’inquiétude des bourgeois comme des échevins fournit sans doute les meilleurs moments, mais les discussions partisanes et autres tractations se transforment vite en des scènes interminables. Quant à la dernière demi-heure, avec l'événement en soi, elle arrive trop tard pour redresser la barre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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