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LES FRÈRES SISTERS

Un film de Jacques Audiard

Une cavale pleine de surprises

Oregon 1851. Dans la plaine, saisie par l’obscurité retentissent soudain des coups de feu, autour d’une maison isolée. Charlie et Eli Sisters, deux chasseurs de primes sans pitié sont encore parvenus à leur fin. Mais alors qu’ils sont engagés par le Commodore pour retrouver un mystérieux chimiste, leurs destins pourraient bien basculer…

Les frères Sisters film image

Habitué de Cannes, où il a remporté quasiment tous les prix (Prix du scénario pour "Un héros très discret", Grand Prix pour "Un prophète", Palme d’or pour "Dheepan"), le nouveau film de Jacques Audiard a donc fait un tour du côté des Festivals de Venise et de Toronto, histoire de se positionner en vue des prochains Oscars. Tourné en anglais, dans un genre nouveau pour lui, le Western, le film lui aura valu finalement le Prix de la mise en scène à la 75e Mostra du cinéma. Un prix étonnant pour ceux qui assistaient au festival, mais qui s’explique sans doute par l’originalité du métrage.

Adoptant un rythme nonchalant, cette histoire centrée sur deux frères à la réputation de chasseurs de primes violents et sans pitié bien ancrée, laisse aux états d’âmes des deux hommes, le temps de s’exprimer, révélant peu à peu le réel caractère de chacun. Le duo d'interprètes, composé de John C. Reilly, parfait mélange de naïveté enfantine et de fierté masculine, et de Joaquin Phoenix, ambitieux et impulsif, fonctionne très bien et permet de laisser transparaître le désir d’une vie plus calme et rangée. Qu’il s’agisse d’un amour supposé ou d’une aspiration plus bucolique, le décalage entre leurs actes et leurs aspirations, est d’une redoutable efficacité.

Après une scène d’ouverture percutante, en pleine obscurité, jouant donc plus de la suggestion que de la vision de carnage, on suit sans déplaisir ces deux frangins rivaux lancés sur les traces d'un homme supposé détenteur d'une formule devant permettre de détecter l'or dans les rivières. Ceci avant que le scénario nous happe en relatant les revirements successifs des personnages qui croisent la route de cet homme. Développant ainsi un humour mordant, le film tient en haleine autant qu’il surprend par ses pointes d'humour, lancées ça et là, notamment autour des inventions de l'époque (la brosse à dents, la chasse d'eau…).

Au fil d’un récit où les cadavres sont finalement légion, la relation complice entre les deux frères s’étoffe et l’on découvre une approche de la ruée vers l’or rarement montrée sous cet angle au cinéma. Histoire morale autour de la cupidité et l’opportunité, "Les frères Sisters" se révèle donc plein de surprises, tout en amenant sans ménagement un final aussi âpre que l’Ouest de l’époque.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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