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LE CAPITAINE VOLKONOGOV S'EST ÉCHAPPÉ

Une prenante histoire de rédemption

Dans l’URSS de 1938, de jeunes soldats s’entraînent, montrant agilité et esprit combatif. Alors qu’un de leurs camarades se suicide, le capitaine Volkonogov est lui aussi convoqué. Sentant qu’il s’agit là d’une nouvelle purge parmi les troupes de Staline, il s’échappe avant que ce ne soit son tour. Alors qu’un commandant se lance à sa poursuite, il décide d’aller demander pardon aux proches de chacune de ses victimes…

Le Capitaine Volkonogov s'est échappé film movie

Film russe, passé par la compétition du Festival de Venise 2021, "Le Capitaine Volkonogov s’est échappé" est centré sur les conséquences des actes de tortures perpétrés par des représentants de l’autorité russe. C’était d’ailleurs le cas également, la même année, d’un autre film de la compétition, pour sa part ukrainien, "Reflection", portrait d’un médecin contraint d’assister aux pires exactions. Sortant sur les écrans en pleine guerre en Ukraine, ce nouveau film des réalisateur et réalisatrice du plus intimiste "L'homme qui a surpris tout le monde", a forcément un arrière-goût particulier, alors que les Russes alignent les crimes de guerre dans ces contrées et que ceux perpétrés lors de l’invasion du Donbass sont désormais grandement documentés.

Traitant ici d’un des aspects de la Grande Terreur (750 000 personnes tuées en un peu plus d'un an), le rôle des services de renseignement et les conséquences des purges sur les bourreaux eux-mêmes, le récit débute dans l'URSS de 1938, montrant d’abord en quelques plans la valorisation des qualités physiques des soldats, véritables athlètes (ils font du volley, de la lutte, du cheval d’arçon...), avant de se centrer sur une nouvelle purge du parti, à laquelle tente d’échapper un jeune capitaine. Prenant la fuite, et condamnant ainsi à mort l’un de ses hommes, interrogé par les mêmes méthodes qu’ils utilisèrent eux-mêmes, mêlant humiliation et souffrance (il doit notamment chanter, le visage dans un masque à gaz bouché...), jadis, sur divers suspects, pour la plupart innocents. Croisant le fantôme de ce camarade, qui lui affirme qu’il n’échappera à l’enfer qu’en obtenant le pardon d’au moins une de ses victimes, le récit prend alors la forme d’une course poursuite entre les nouvelles équipes et lui, à la fois palpitante et riche en révélations.

Dans le rôle principal, on retrouve Yuriy Borisov, acteur remarquable qu’on a pu voir dans "Compartiment N°6", Grand Prix du Festival de Cannes 2021, dans le troublant "La Fièvre de Petrov", mais aussi dans une grande fresque populaire intitulée "Silverland : la cité de glace", sortie directement en VOD. Et c’est, au sein de scènes souvent tendues, à la caméra particulièrement nerveuse lorsque le personnage se retrouve acculé, par différents flash-backs, que le film revient sur les tortures infligées à certaines victimes, autant que sur les rouages d’un système qui glorifie les bourreaux (le chiffre de 40 morts par jour fait froid dans le dos), et ne sert que son propre intérêt. Une reconstitution de grande qualité pour décrire un moment de l’Histoire rarement montré au cinéma, qui allie suspense, retournements de situation, et prend finalement la forme d’une sorte de requiem pour un tortionnaire auquel le pardon ne peut être accordé qu’avec difficulté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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