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LA FIÈVRE DE PETROV

Déambulation hallucinatoire

Grippé, Petrov est déjà bien fiévreux et l’alcool qu’il va consommer avec son ami Igor ne va pas arranger sa perception du monde. Réalité et rêve vont se confondre et des souvenirs d’enfance vont réapparaître…

La Fièvre de Petrov film movie

Fiévreux, le film l’est de bout en bout. Dès l’introduction, on s’embarque dans une déambulation vertigineuse qui semble apparaître (dans un premier temps au moins) comme une furieuse charge contre la violence de la société russe : violence politique, criminalité, racisme décomplexé... Ou alors est-ce plus largement à propos de la brutalité d’un monde désordonné où les repères ne sont plus tout à fait intelligibles ? En outre, la fièvre du personnage principal (ou plutôt la grippe si l’on tient compte du titre original plutôt que du titre français) provoque un étrange écho avec le chaos de la pandémie actuelle.

Démesuré et forcément déroutant, "La Fièvre de Petrov" est un tourbillon punk dont on ressort lessivé, au risque de ne pas avoir forcément tout compris. Un seul visionnage de ce film étant clairement insuffisant pour tout cerner, il est possible de décider de privilégier la perception formelle plutôt que le fond, et de se laisser emporter par cet univers complètement dingue qui nous en met plein les mirettes. On pourra retenir l’humour féroce de quelques passages ainsi que des scènes jubilatoires comme lorsque le personnage interprété par Chulpan Khamatova (grandiose !) devient une sorte de super-justicière à la force surhumaine dans la bibliothèque où elle travaille.

On dirait un peu du Roy Andersson version rock, avec une esthétique parfois digne d’un Michel Gondry dans la manière de créer des décors mouvants et transitions hallucinantes, et dans la façon de traiter la mémoire et les souvenirs comme quelque chose d’extrêmement labyrinthique (on penche parfois du côté de "Eternal Sunshine of the Spotless Mind"). Quand arrive le générique de fin, on risque d’avoir la gueule de bois mais l’ivresse vaut le coup !

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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