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LA MALETA

Un film de Jorge Dorado

Entre minutie et obsession

Mario travaille dans un entrepôt d’objets trouvés, dont il s’occupe avec soin et rigueur. À l’intérieur d’une valise trouvée dans une rivière, il découvre, horrifié, les ossements d’un enfant. Lorsqu’il comprend que la police ne lancera aucune enquête sérieuse, il prend la décision de s’en occuper lui-même…

La maleta film movie

Dès les premières minutes – et cela se confirme par la suite – le choix d’Álvaro Morte dans la peau du héros sonne comme une évidence, tant on a l’impression de retrouver un alter ego du personnage qui l’a rendu célèbre : Salvador, le « Professeur » dans la série "La casa de papel". Dans les deux cas, on a ainsi un homme à la fois altruiste mais solitaire, brillant mais complexé, courageux mais casanier… On pourrait penser que l’acteur­ est enfermé dans un rôle qui lui colle à la peau, mais il faut avouer qu’il est brillant dans ce genre d’interprétation, avec un panel d’émotions et d’expressions faciales qui rendent le personnage attachant au point qu’on souffre et espère avec lui.

Si ce Mario est mystérieux, c’est aussi parce que le réalisateur, Jorge Dorado, a la bonne idée de nous le présenter par étapes. Mais on comprend rapidement que c’est un homme profondément bon, par exemple à la manière dont se comporte Helena (Verónica Echegui, vue sur Netflix dans le sympathique "Origines secrètes"), une policière manifestement amoureuse de lui – leur relation est d’ailleurs très touchante.

Dans ce thriller aux apparences classiques (on retrouve les principaux codes, certains rebondissements habituels, des méchants un peu caricaturaux…), le scénario parvient à sortir du lot grâce à quelques idées bien senties. Le choix le plus heureux est sans doute le métier du héros : l’habitude d’observer les moindres détails des objets trouvés dont il s’occupe, et la minutie dont il fait preuve, lui permettent de rendre crédible sa transformation (finalement pas si soudaine) en enquêteur hors pair.

On a aussi envie de rendre hommage à un autre métier trop souvent oublié, l’accessoiriste, dont le travail est ici central, tant les objets ont un rôle majeur – et même une âme – dans cette histoire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le titre original est "Objetos" (« objets ») : si le titre « français » se recentre sur l’objet central du récit (la valise donc), il est plus largement question de notre rapport aux objets, de ce qu’ils disent de la personnalité et la vie intime des personnes qui les utilisent ou les possèdent... C’est précisément ce qui fait que ce thriller trouve son originalité, bien plus que sa manière de traiter la question des trafics humains, pourtant elle aussi centrale dans le scénario.

Au final, si l’on n’est pas toujours surpris par le scénario et si des aspects sont quelque peu clichés (notamment à propos de la relation qui se noue entre le héros et la prostituée), c’est donc plutôt dans les détails que le public trouvera ses principales satisfactions.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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