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THE FORGIVENESS OF BLOOD

Des lois ancestrales

Dans un petit village d'Albanie, le blocage par une famille, d'un chemin, va faire dégénérer les relations entre deux familles. Jusqu'au meurtre d'un membre du clan ennemi, qui ne peut pas rester impuni...

Le réalisateur de "Maria pleine de grâce", Joshua Marston nous revient, après avoir emporté le Grand prix de Deauville, avec un film tourné en Albanie, ce avec un casting quasiment exclusivement constitué d'amateurs. Présentée en compétition au Festival de Berlin 2011, cette œuvre viscérale, à la tension permanente, décrit l'affrontement de deux familles, dont le mépris l'une envers l'autre se résume assez bien dans une scène du début, où dans un bar, les hommes de chaque clan s'échangent quelques mots et menaces, sur fond d'alcool et sous forme de vraies-fausses plaisanteries.

Du motif presque anecdotique qui déclenchera l'irréparable - un chemin bloqué par des pierres empêchant le passage d'une carriole de l'autre famille -, le scénario fait un point de départ aux conséquences totalement disproportionnées (tout au moins vues de l'extérieur). Ceux qui payent au final, sont les plus jeunes, ceux qui ne sont pour rien dans le passif entre les familles. Ils écopent pour l'incapacité de leurs aînés à sortir d'un système archaïque, de fonctionnement par tribus, ultra-codifié. Mais ils payent aussi l'impossibilité pour beaucoup de prendre en marche le train de la modernité, faute de moyens (ici les livraisons de pain se font grâce au cheval de la famille...).

Décrivant avec minutie les rouages qui font fonctionner cette communauté (réunion des anciens, règle du sang pour sang...), Joshua Marton captive par l'inquiétante véracité de son propos. Du « kadun », qui dit que tous les hommes doivent rester enfermés chez eux tant que le père n'a pas été arrêté, jusqu'à la « besa », sorte de trêve, chronométrée, qui permet provisoirement de retrouver sa liberté de mouvement sans être agressé, le poids d'une culture toute entière pèse sur ce film quasi anthropologique. Flirtant avec le thriller, « The forgiveness of blood » confine ainsi à la véritable et oppressante peinture d'un pays toujours ancré dans un "autre âge".

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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