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L'ÉTOILE IMAGINAIRE

Un film de Gianni Amelio

Touchante perdition

Un technicien italien, persuadé qu’une machine achetée par les chinois a un point faible qu’il sait réparer, décide de partir en Chine, où il fait la connaissance de la jeune traductrice de l’entreprise en question…

Ce film italien, présenté en compétition au dernier Festival de Venise tourne autour d'un duo de personnages attachants. Récit d'un parcours désespéré pour retrouver une machine sur le territoire chinois, il est surtout le portrait d'un homme sujet à la frustration provoquée par la délocalisation de son entreprise, et qui poursuit une chimère, voulant être encore lui même utile par son travail. Cet état d'esprit, finement montré, lui permet de tenir... face à deux systèmes qu'il ne comprend pas.

Un peu avare en émotions, le film a le mérite de montrer de l'intérieur le gigantisme des moyens de transport comme des usines d'un pays en pleine industrialisation. Effrayantes dans l'isolement qu'elles provoquent pour le personnage principal, qui ne parle pas la langue locale, ces contrées semblent aussi faire peu de cas de l'humain, comme le montrent quelques plans de petites filles aux vêtements colorés perdues dans des décors sans âmes, le long de murs gris, ou assises dans la poussière. Leurs gestes simples et quotidiens (l'une se frotte les yeux, l'autre mange dans une gamelle...) contrastent avec l'artificialité de l'environnement qui les entoure.

Sur les questions économiques, le film reste très peu critique d'un point de vue politique, préférant se placer sur le plan humain. Pouvoir tourner là-bas, en Chine, valait peut être bien quelques concessions scénaristiques pour montrer les évolutions locales de l'intérieur. On aurait cependant aimé un peu plus d'implication de la part des auteurs. A leur service, saluons la sensibilité des interprètes, avec une jeune actrice habitée Zing Thou, toute en discrétion face à la fougue emportant parfois l'italien Sergio Castellito.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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