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ENNEMIS JURÉS

Un film de Ralph Fiennes

Un film trop théâtral, malgré ses résonances contemporaines

En temps de guerre, le général de l’armée de Rome, Caius Martius impose de nombreuses restrictions à la population, surveillant notamment le dépôt de grain, et matant les manifestations. Une fois la paix revenue, on lui conseille de se présenter aux élections, seul moyen de regagner les faveurs du peuple…

sortie en DVD et Blu-ray le 20 mars 2013

Ralph Fiennes signe son premier film de réalisateur avec "Coriolanus", adaptation du « Coriolan » William Sahkespeare, aux fortes résonances contemporaines (présenté en compétition au Festival de Berlin 2011). Son Caius Martius, qu'il interprète lui-même, est un général des armées romaines, qui n'hésite pas à imposer des limites aux libertés ou à contrôler la distribution des vivres, se faisant peu à peu l'ennemi d'un peuple opprimé. Sa soif absolue de pouvoir, une fois les guerres terminées, fait forcément penser à certains de nos dirigeants, tout comme la capacité du peuple, à élire ceux qui les ont opprimés ou trahis par le passé. Sans verser dans le totalitarisme, on peut se demander si nos pays d'Europe ne s'en rapprochent pas, l'autorité étant d'un autre ordre, plus proche des puissances du "marché" que des "armées". Mais cela résulte, de manière troublante, en la même restriction des droits individuels, et en les mêmes pénuries ou accaparements de richesses... On se dit alors qu'ici, le choix de l'Italie comme théâtre de l'histoire, n'est sûrement pas anodin.

Côté réalisation, Ralph Fiennes s'en tire plutôt bien avec des scènes de bataille à l'image de films de guerre contemporain. L'ouverture, sorte de guerrière en milieu urbain, au cœur des ruines d'un pays moderne, est redoutablement efficace, la bataille se terminant au couteau, offrant au combattant, « deux cicatrices de plus à montrer ». Mais là où Fiennes excelle, c'est dans l'adaptation des textes de Shakepeare à des situations modernes, liées aux médias (talk show...) ou au fonctionnement du pouvoir (discussions de fumoirs, couloirs ou bancs des assemblées), tout comme dans le rendu des scènes les plus intimes. Malheureusement, le film n'en reste cependant pas moins, à l'image de la pièce de l'auteur anglais, difficilement accessible, ceci malgré le véritable regard qu'il porte sur la fascination qu'exercent les hommes de pouvoir, les blessures synonyme de courage, les dirigeants qui n'aiment pas le peuple, et la propension du peuple à se laisser influencer.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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