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DÉTECTIVE DEE II

Un film de Tsui Hark

Les aventures du jeune Detective Dee

Le jeune Dee Renjie arrive dans la capitale impériale, avec l’intention de devenir un officier de la loi. L’impératrice Wu, alors au début de son règne, a envoyé le détective Yuchi enquêter sur un monstre marin rôdant autour de la ville la nuit. Par hasard, Dee et Yuchi combattent la créature lorsqu’elle attaque une procession menant la belle courtisane Yu vers son sacrifice au temple pour apaiser les dieux…texte à venir

Au-delà du plaisir simple de se taper un incroyable blockbuster issu de l’esprit débridé de l’un des plus grands cinéastes de notre temps, que faut-il réellement attendre – et comprendre – de ce "Detective Dee II" (titre français trompeur, le film étant une préquelle…), qui semble marquer une nouvelle étape dans la filmographie mouvementée de Tsui Hark ? Celui qui fut LE cinéaste/producteur phare de l’âge d’or du cinéma hong-kongais n’aura eu de cesse, tout au long de sa pléthorique carrière
(39 long-métrages en 35 ans de carrière !), de repousser les limites de la narration, de chercher de nouvelles grammaires à son médium et d’expérimenter comme un furieux à l’apparition de nouvelles technologies, quitte à parfois se planter dans les grandes largeurs (l’hallucinant "Black Mask 2 – City of Masks", entre autres…). Heureusement, Tsui Hark en a encore beaucoup sous le coude, comme il le prouve ici avec fracas.

Le premier film de la saga, "Detective Dee : le mystère de la flamme fantôme", avait pour lui de faire revenir Tsui au film d’aventure en costume, cinq ans après le superbe "Seven Swords", et d’introduire un personnage apte à devenir le héros d’une série de films à succès, dans la lignée d’un Indiana Jones, ou plus proche encore, d’un Sherlock Holmes. Instinctif, redoutablement intelligent et fin bagarreur, Dee partage en effet de nombreuses aptitudes avec le fin limier de Baker Street, comme le montre la sublime séquence où le héros lit sur des lèvres ou analyse son environnement, grandement aidé par une stéréoscopie ingénieuse et, disons le tout net, sacrément jouissive. Car c’est bien dans son utilisation ludique et jusqu’auboutiste des possibilités de la 3D, que ce "Young Detective Dee" (titre anglais bien plus raccord) réussit à s’imposer comme le blockbuster le plus génial de cette morne saison estivale.

En revenant aux débuts du personnage et à son arrivée au service de l’Impératrice, Tsui Hark peut emmener son personnage, et le public, dans une intrigue feuilletonesque en diable, où les rebondissements s’enchaînent aux rebondissements, et qui mêle les tons (romance, aventure, monstres géants et enquêtes se télescopent joyeusement 2h15 durant) et les formes (créatures humaines, bastons ultra-chorégraphiées, perspectives et jaillissements en 3D, calligraphies et effets numériques se côtoient dans un joyeux foutoir) avec une jubilation et une frénésie qui forcent le respect. Comme déchaîné par les énormes moyens alloués à son film, Tsui se permet à peu près tout, les climax dantesques (la baston à flanc de falaise, l’enlèvement de la courtisane) succédant aux climax dantesques (les 20 dernières minutes, proprement prodigieuses), sur un rythme effréné et des idées de mise en scène comme s’il en pleuvait.

Forcément, à trop vouloir en faire, Tsui Hark frôle parfois l’overdose, mais sa générosité et la virtuosité font plaisir à voir, d’autant que ce diable d’homme ne néglige en rien les aspects les plus pernicieux et subversifs de son intrigue (le poison et son antidote), alliant inventivité visuelle et humour dans un grand tout qui laisse pantois. À l’image de son somptueux générique de fin, enluminé par la musique d’un Kenji Kawai en très grande forme, cette "Légende du Dragon des mers" semble porter en elle les promesses de futures aventures forcément grandioses. Et à voir l’énergie déployées par le grand Tsui, difficile de ne pas frissonner d’impatience. Le « Spielberg chinois », comme on le surnommait dans les années 80, est dans une forme olympique. Il serait dommage de bouder son invitation au voyage et à la fête, aussi épuisante soit-elle !

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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