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DEAREST

Un film de Peter Ho-Sun Chan

Un drame chinois intelligemment vu sous divers angles

Le 18 juillet 2009, un garçon prénommé Peng Peng qui jouait dans le cyber café de son père, décide de sortir et d'aller regarder les jeunes du quartier pratiquer le roller et le skate-board. Kidnappé, il ne sera pas retrouvé par ses parents, qui le recherchent seuls pendant près de 24 heures. Un an plus tard, son père continue toujours les recherches...

Présenté Hors compétition au Festival de Venise 2014, « Dearest » bénéficie d'une habile introduction, créant immédiatement l'empathie avec la future victime, et avec ce père qui en a la garde alternée, et réussira presque à le retrouver... avant qu'il ne disparaisse définitivement. En prenant comme point de départ un fait divers lié aux enlèvements d'enfants, on attendait le réalisateur hong-kongais Peter Ho-Sun Chan, auteur de "Wu Xia" sur le terrain du thriller à la coréenne façon « The Chaser ». Il n'en sera finalement rien, puisque le film retrace plutôt fidèlement le déroulé chronologique des événements, sans réelle complexité temporelle.

Cependant l'originalité du film réside dans sa capacité à intégrer plusieurs destins dramatiques, de la perdition d'un père désespéré par l'absence de son gamin, jusqu'à la détresse de la femme qui partageait la vie du kidnappeur, en passant par les actes irraisonnés d'une femme au bord du précipice. Au travers des agissements d'un groupe de soutien aux familles devenant faction prête à agir, c'est l'équilibre mental des proches qui est questionné, leur capacité à supporter le réel et à s'extraire de leur vœu le plus cher : retrouver leur enfant.

De l'enquête collective au lynchage d'innocents, il n'y a potentiellement que quelques pas. Et c'est ainsi l'effet d'entraînement du groupe qui génère ici la tension. Si « Dearest » donne à voir la persévérance liée à un espoir qui se transforme progressivement en fantasme, il questionne aussi sur le droit des complices à élever leurs propres enfants, et la capacité des familles à passer réellement à autre chose, à une autre phase de « vie ». Une œuvre bouleversante, n'évitant pas forcément le mélo, mais offrant de manière intelligente différents points de vue sur un drame et ses cruelles ramifications.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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