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ÇA : CHAPITRE 2

Un film de Andy Muschietti

Plus riche mais plus brouillon

Ça est comme un ballon, il rebondit et il frappe Derry une nouvelle fois, 27 ans plus tard. Les Loosers, qui ont tous perdu la mémoire des événements après avoir quitté la ville, sont rappelés par le seul qui n’est pas parti, et qui n’a donc pas oublié, Mike. Ils ont fait une promesse, ils doivent revenir pour combattre. Ils ont changé. Ça aussi…

Ca chapitre 2 film image

Comme le dit très justement le réalisateur, le livre de Stephen King (qui fait d'ailleurs une apparition dans le film), fait près de 1100 pages et le premier film n'en couvrait que 300, ainsi, la cadence et l'ampleur de ce deuxième volet, sensé conclure l'histoire de Ça, est d'une toute autre ampleur.

Tout d'abord par le casting, qui voit s'ajouter aux jeunes acteurs du premier volet, des grands noms comme Jessica Chastain (Beverly), James McAvoy (Bill) et Bill Hader (Richie). Mais aussi du point de vue spatial et temporel. Le film sort en effet de la ville de Derry pour caractériser chacun des personnages devenus adulte, et quand il remet les pieds dans le Maine, des séquences de jeunesse de 1989 se superposent à celles de l'époque contemporaine. Il a donc fallu réinvestir les décors, les recréer et les faire évoluer afin que les échos du passé fonctionnent à l'époque présente, ce qui est plutôt réussi. Le spectateur croit ainsi sans mal à la filiation entre les Loosers et eux-mêmes 27 ans plus tard.

L'autre point positif du film, pour les amateurs du premier volet, est que beaucoup de séquences « inédites », du premier chapitre figurent dans le second. Des séquences se déroulant après le combat avec Pennywise. Le film pêche néanmoins par plusieurs aspects. D'abord l'idée du film choral, qui sent un petit peu le réchauffé après le premier volet. Après que chacun ait eu sa séquence d'appel à l'âge adulte où il est présenté dans sa nouvelle vie et que sa cicatrice commence à le démanger, il y a le retour à Derry et la confrontation aux démons du passés, précédée d'une séquence souvenirs qui précède l'arrivée du monstre. Les séquences se répètent ainsi et se ressemblent donc.

L'autre problème essentiel du film est le personnage de Pennywise lui-même et ses différentes incarnations. Si la performance de Bill Skarsgård est toujours aussi bonne, y compris dans une scène où il apparaît sans maquillage, Muschietti fait ici la même erreur que dans le premier volet. La force de Ça est en effet qu'il est innommable et terrifiant car il prend l'aspect de ce qui fait le plus peur à sa victime. Il se nourrit de cette peur. Or, si dans le premier volet, les peurs étaient contextuelles et expliquées (par exemple la peur des premières règles pour une jeune fille), ici l'apparence des monstres ne semble pas être en résonance directe avec les personnalités des Loosers devenus adultes.

Enfin, l'échec total pour un film de monstres comme devrait l'être "Ça", est que les monstres se ressemblent les uns aux autres. Les manifestations de Ça sont les obsessions de Muschietti (des personnages aux visages tordus, asymétriques, avec de longs membres fins qui respirent la mort et la maladie) et non plus celles des victimes. Comparaison n'est pas raison, mais l'idée des producteurs de "Scary Stories" était sans doute meilleure quand ils ont choisi de privilégier la fabrication des monstres, de leur donner corps et non d'utiliser des mannequins numériques. La peur est ainsi plus palpable et le monstre a de la chair.

Avec presque trois heures de film, Muschietti semblait avoir la place pour conter son histoire, mais la fin du film part dans tous les sens et apparaît presque comme bâclée. Le climax n'en finit pas et perd donc en intensité. Le film ne sait pas trop où il va, un peu à l’image des Loosers. À quoi bon avoir un plan et poser des attentes pour le spectateur quand les personnages n'en n'ont pas et avancent plus ou moins au hasard ? À quoi bon avoir un plan donc, quand on peut réussir d'une autre façon ? Cette fin semble donc trop confuse et incohérente pour qu'il n'y ait pas un secret de tournage derrière, comme peut-être des coupes massives en raison d'un film déjà très long ? Cette explication semble la plus probable.

Pour clore ce dernier chapitre de l'adaptation de l'un des plus grands livres d'horreur de Stephen King, on peut dire que ce "Ça : Chapitre 2" est un bon film d'horreur grand public, relativement violent et sanguinolent, qui ne se cache pas derrière un PG13 et qui l'assume.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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