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LA BUENA NOTICIA

Un film de Helena Taberna

De la nécessité de prendre parti

Un jeune prêtre, tout juste revenu du Vatican, est chargé de prendre un poste dans un petit village du Nord Ouest de l'Espagne. Connaissant à peine les conditions dans lesquelles le précédent curé a quitté les lieux, visiblement fâché avec presque tout le village, à dominance communiste, il débarque dans les lieux avec comme directive de montrer qu'il est « le plus rouge de tous ». Mais rapidement, il sent que quelque chose se trame, la haine de certains envers les athées étant tenace et de plus en plus affichée...

Située en 1936, l'action de « La buena noticia » (« La buena nueva » pour le titre original) expose avec minutie les prémices et les premiers temps de la guerre civile espagnole. La réalisatrice n'hésite pas à creuser, au sein d'une communauté réduite, pour mieux faire ressortir les jalousies, les rancœurs, les haines de clochers, les vexations idéologiques qui donneront jours aux soulèvements de 1936. On découvre ainsi, en même temps que le jeune prêtre, avec une inquiétude grandissante, différentes figures du village, comme le rôle de l'épicier commerçant, pas partageur, qui augmente les prix, non pas en fonction de la demande ou de la rareté des produits, mais pour financer sa guerre...

Avec détails, et tout en gardant une certaine pudeur, elle montre, au fur et à mesure que les langues se délient, les exécutions sommaires, les suicides téléguidés du haut d'une falaise, suggère les charniers que le prêtre tentera de transformer en cimetière... Elle souligne au passage le mépris de la démocratie, celle-ci devant avant tout être liée à la croyance... retournant chacun des arguments des opposants au communisme. Elle expose également une jolie vision de l'entraide, qui tente de racheter la conduite de l'église, sans pour autant en occulter les compromissions (l'évêque doit faire dans la diplomatie, les autres frères s'entraînent avec des baïonnettes pour aller au front, ce sont aussi les sœurs – pourtant silencieuses – qui dénonceront deux amoureux...). Elle pointe aussi les responsabilités extérieures, notamment du coté des nations étrangères, France et Angleterre reconnaissant le gouvernement de Burgos... et marquant ainsi par leur soutien affiché, le début de la fin pour les combattant de la liberté.

L'ensemble est douloureux. Entre jalousies et amours contrariées, les parcours individuels s'amalgament avec le cours de la grande Histoire, dans un jeu malsain, dans lequel le jeune prêtre va finir par tomber malgré lui... Unax Ugalde (« Capitaine Alatriste », « Reinas », « Che 1 »), jeune acteur basque, joue les prêtres révoltés, dont l'engagement viendra redonner un peu de souffle au récit sur la fin, entre indignation, acte de courage et envies personnelles. Il nous invite avec lui dans ces paysages verdoyants, dans son église impressionnante qui revient à la vie grâce à ce jeune homme, bien moins à cheval sur les règles que son prédécesseurs (qui interdisait jusqu'aux jeux de ballons...), comme un symbole d'espoir en la réconciliation entre un clergé compromis et le de l'espoir dans un tissu social mis à mal.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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