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BUDORI, L'ÉTRANGE VOYAGE

Un film de Sabu, Gisaburo Sugii

Dur sacrifice

Suite à un hiver particulièrement froid et long, Budori et sa sœur Neri se retrouvent seuls dans leur maison, au bord de la famine. Une créature vient alors enlever la sœur. Budori n'aura de cesse de la rechercher...

Adapté du conte écrit par Kenji Miyazawa en 1932, "Budori, l'étrange voyage" vous embarque dans son univers visuel dès les premières images. Si l'on fait abstraction que Budori lui-même est un chat de couleur bleue, évoluant comme les autres de son espèce, sur ses deux pattes arrières, tel un humain, son parcours à la recherche de sa sœur disparue, et sa volonté de faire le bien pour ceux qui l'entourent (il a été marqué par la lecture d'un texte lorsqu'il était petit...), apparaît à la fois aventureux, risqué et généreux.

Dès le début, une tonalité triste s'installe, renforcée par la magnifique et lancinante musique de Ryôta Komatsu. Habillés en costumes de paysans du XIXe ou du début de XXe siècle, voire de manants du Moyen-âge, la famille de Budori fait forcément penser aux Misérables ou aux personnages de Zola, accablés par la misère, et capable du sacrifice ultime pour leurs proches. Dans des décors d'une forêt à la fois imposante et lugubre se déroule ce chapitre d'ouverture, qui marquera à jamais la vie du personnage principal.

S'ensuivent d'autres épisodes de la vie du héros, d'abord recueilli par un fermier récoltant de la soie, puis faisant sa place dans un monde aux décors fantasmagoriques, entre inventions sur lesquelles il travaille et reprise de la recherche de sa sœur. La dernière partie du film prend d'ailleurs la forme d'une course poursuite avec un mystérieux chat aux yeux verts, et de la rencontre avec d'étranges créatures (dont une au groin creux en forme de spirale).

Les ellipses temporelles entre parties déstabilisent, autant que les changements de ton. Et tout cela concocte un mélange nostalgique séduisant, aux enjeux dramatiques puissants, certainement moins dure à supporter pour les plus petits grâce à la représentation des personnages sous forme de chats. Une belle ode au génie « humain » et à sa lutte contre une nature cruelle, doublée d'un questionnement intelligent sur l'homme que chacun veut être. Peut-être comme dans le texte lu par la maîtresse, quelqu'un de généreux et à l'écoute des autres, capable de se sacrifier par amour des siens ou simplement des autres.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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