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AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX

Un drame décevant qui peine à prendre position

Adam, un prêtre catholique s'occupant d'adolescents à problèmes dans un village rural de Pologne, refuse les avances d'une femme. Il prend sous son aile un jeune homme d'apparence un peu attardé, qui est le souffre douleur des autres...

Présenté en compétition au Festival de Berlin 2013, ce film polonais en est reparti avec le Teddy award du meilleur film de fiction abordant des thématiques « gay ». Le film traite en effet de l'homosexualité au sein de l’Église, offrant la peinture du portrait d'un prêtre conscient de sa propre nature, mais qui serait prêt à tout pour éloigner la tentation et tous ses vecteurs. Il rejoint aussi les thématiques de "La Chasse" de Thomas Vinterberg, à la fois partiellement sur la question de la pédophilie, mais surtout du côté du harcèlement de toute une communauté envers un homme, sur la base de soupçons plus que de faits.

Bourré de bonnes intentions, le scénario tente malheureusement de ménager la chèvre et le choux, condamnant à la fois l’Église pour son laxisme (il vaut mieux masquer et muter, que d'avouer), mais ne questionnant finalement jamais la foi de son personnage principal, ni surtout son engagement dans l'institution qu'elle représente, qui pourrait bien n'être motivé que par la fuite. Malgré les suspicions qui pèsent sur lui, ce prêtre devient vite un personnage attachant, et ses rares doutes finissent par toucher, amplifiant le drame qui couvait déjà.

Pris entre deux feux, c'est à dire les avances feutrées d'une belle femme rendue alcoolique de par l'isolement des lieux, et son évident trouble face à son protégé, ce personnage s'avère plus complexe que prévu. Il pose une nouvelle fois la question du rapport entre homosexualité et vocation (quelle qu'elle soit), et montre les dégâts du renoncement. Mais au fil du métrage, le récit s'enfonce progressivement dans le grotesque, entre scène romantique dans la voiture avec fond de guitare approprié, confessions trop faciles, danse transie avec le portrait du pape en main, et final certes romantique, mais peu crédible.

Si l'on notera un certain don de la réalisatrice pour capturer l'insouciance de jeunes adolescents, au cœur d'un été lumineux, et pour ménager un certain suspense concernant les tentations qui submergent ce prêtre, "AIME et fais ce que tu veux" semble être une œuvre d'un autre temps. En effet, les tourments de ce personnage, certes venu d'un pays où la religion a toujours un poids prépondérant, et surtout l'issue inéluctable qu'il choisit, ne sont pas sans rappeler quelques films d'Europe de l'Ouest datant de dix voire quinze ans ("Maurice", "My Own Private Idaho"...). Un sujet qui aurait donc mérité un peu plus de subtilité dans son traitement, pour un film qui rappelle toutefois cruellement que si dans certains pays, être homosexuel n'est plus forcément une malédiction, ce n'est toujours pas le cas partout...

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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