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THE FATHER

Un film de Florian Zeller

Anthony Hopkins, the only one

Un homme de 81 ans perd progressivement la mémoire, faisant vivre un véritable cauchemar à sa fille venue s’occuper de lui

The Father film movie

Lorsqu’on apprend qu’une pièce de théâtre va être adaptée pour le Septième Art, un frisson nous parcourt toujours, avec la crainte de voir le matériau originel perdre de son éclat par une non appropriation des codes cinématographiques. Ce sentiment était ainsi d’autant plus prégnant lorsque l’annonce a concerné l’excellente pièce de Florian Zeller, "Le Père", œuvre au cœur de sa trilogie familiale. Mais plusieurs raisons subsistaient pour entretenir l’espoir : le fait que celle-ci avait déjà donné naissance à une adaptation réussie, "Floride", de Philippe Le Guay, et surtout de savoir Florian Zeller himself aux commandes du projet. Le résultat : un drame déchirant, porté par un acteur au firmament.

Anthony Hopkins est Anthony, un homme de son âge, ayant réussi sa vie mais dont la maladie d’Alzheimer semble le ronger. Cet Anthony, ce pourrait être l’acteur lui-même si le destin l’avait décidé. Le comédien ne joue pas, il incarne. À l’écran, il ne ment pas, ne cherche pas les artifices, il s’expose, ne se cache pas, livrant une prestation d’une puissance rare, l’une de celles qui brisent la frontière entre réalité et fiction tant l’interprète s’efface derrière son rôle. Si les excellents acteurs n’ont jamais fait les bons films, lorsque tout le dispositif repose sur leurs épaules, cela est déjà un début prometteur. Et la bonne nouvelle, c’est que le dramaturge s’est parfaitement emparé de la puissance du Cinéma pour sublimer son récit.

En optant pour le point de vue subjectif et les plans resserrés, le spectateur est étouffé, enfermé dans les méandres d’un esprit nébuleux, où le présent et le passé se confondent. De cette mémoire explosée, le public est obligé d’en constater les dommages collatéraux, les mots qui blessent, les gestes qui trahissent des pensées involontaires. Pudique et sobre, à l’image du travail du chef opérateur Ben Smithard et de la partition de Ludovico Einaudi, le métrage est une véritable claque, un torrent d’émotions face auquel il est difficile de rester insensible. Si, parfois, on pourrait reprocher une certaine forme de classicisme à l’ensemble, le débat n’est pas là, le simple regard d’Anthony Hopkins suffisant à effacer tous les doutes. Multi-récompensé, le film n’a volé aucun de ces prix, réussissant l’exploit d’une adaptation théâtrale et d’un premier passage derrière la caméra, parfaitement maîtrisés. Florian Zeller, welcome to Hollywood !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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