JEUNE JULIETTE

Un film de Anne Émond

Un coming of age movie entre tendresse et cruauté

Juliette, 14 ans, est une adolescente enrobée. Amie avec Léane, complice avec son grand frère Pierre-Luc, elle ne cesse cependant de se demander si quelqu’un, un jour, pourra tomber amoureuse d’elle. D’autant que Liam, pote blond de son frère, serait bien à son goût…

Jeune Juliette film image

« On va pouvoir recommencer à mépriser tout le monde ». Voilà qui résume parfaitement l’attitude de l’attachant duo formé par Juliette et sa meilleure amie, Léane, filles à part dans leur établissement, mais qui se moquent bien des ordres donnés par le prof de sport, des ricanements de leurs camarades en cours de français, ou d’imposer aux autres, lors de leur émission radio hebdomadaire, la musique que seules elles apprécient. Mais en grandissant et surtout en découvrant des préoccupations d’adultes, Juliette va réaliser qu’elle « est grosse » (ou « enrobée » comme dirait son père) et donc différente. Mais que cette différence ne mérite pas d’être stigmatisée.

Sensation de médiocrité, rêve d’un départ pour ailleurs, solitude et manque de lien avec les adultes, désir naissant et irrationnel, le scénario de Anne Émond ("Nuit #1") scrute avec acuité les soubresauts de l’adolescence. Et Alexane Jamieson incarne à merveille ce mélange d’assurance contrariée qui caractérise une jeune femme dont les espoirs se heurteront bientôt à une rude réalité. Bougonne, espiègle, complice, renfrognée, menteuse à ses heures, elle déploie toute une panoplie d’attitudes à la hauteur de son complexe personnage.

Sans jamais verser dans l’apitoiement, loin des personnages stéréotypés des teenage movies américains, "Jeune Juliette" offre un beau portrait d’adolescente et de famille aimante. À la fois tendre et cruel, osant une mise en scène simple du fantasme (les fausses lettres d’amour de Liam, la scène en split screen autour de la nouvelle copine du père...), le film désamorce la notion de particularité grâce à un personnage secondaire lui même en recherche de contact (le surdoué Arnaud), et un professeur compréhensif mais pas trop. On ressort d’ailleurs de ce film québecois avec l’une des phrases de ce dernier en tête, comme une belle leçon : « apprends à aimer ceux qui t’aiment au lieu de courir après ceux qui ne t’aiment pas ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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