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Festival Lumière 2023 : retour sur la MasterClass de Karin Viard

18 octobre 2023
Festival Lumière 2023 : retour sur la Master Class de Karin Viard
© Olivier Chassignolle, Fourni par le Festival Lumière

Invitée de la 15e édition du Festival Lumière 2023, Karin Viard a été mise à l’honneur avec un retour sur sa carrière via des projections ("Lulu femme nue", "Jalouse", "L’origine du monde") et une masterclass donnée le 16 octobre 2023 au Pathé Bellecour. L’actrice aux trois Césars s’est laissée questionner par le journaliste Carlos Gomez et son public, avec beaucoup d’humour et de sincérité. Comme l’avait fait Tim Burton avant elle, elle s’est livrée à cœur ouvert sur sa vision du cinéma et de la création artistique.

La naissance d’une vocation

Revenant sur ses débuts, Karin Viard a expliqué avoir été « foudroyée » lorsqu’elle avait une dizaine d’années par Antony Quinn dans "Notre-Dame de Paris". À partir de là, devenir actrice était une évidence pour elle et elle est entrée au conservatoire d’arts dramatiques de Rouen avec un an d’avance. Elle y rencontrera Franck Dubosc, grâce auquel elle obtiendra un premier rendez-vous avec un agent sur Paris quelques années plus tard. Même si celui-ci n’était pas convaincu par cette actrice qui n’a pas encore les codes parisiens (« tu n’as pas le physique, tu ne connais personne »), elle intéressa un des assistants qui deviendra son seul (et unique) agent : Laurent Grégoire. Elle, qui s’était laissée 10 ans pour faire décoller sa carrière à son arrivée à Paris, prend déjà son envol dès l’âge de 24 ans avec "Tatie Danielle" et "Delicatessen".

« Je fais des films pour me plaire à moi »

Ayant expliqué au début de la masterclass qu’elle est née dans une « famille totalement givrée », Karin Viard a appris très tôt, par le rejet de ses parents, à ne compter que sur elle-même. Dès lors, elle a toujours évolué et choisi ses rôles en fonction d’un « égoïsme salutaire » qui lui permettait de prendre dans le cinéma ce qu’elle voulait vraiment, sans « jamais remettre son pouvoir entre les mains de l’autre ». Dans chaque rôle, elle cherche à croître, s’améliorer et trouver une nouvelle facette de son existence. Pour elle, « l’acteur se sert avant tout lui-même » en faisant des films parce qu’ils lui permettent de « dépasser une honte viscérale ». Jouer est à la fois une envie et un besoin : une possibilité de purger son trop-plein d’émotions. Elle dément le fait que les acteurs jouent par amour-propre et déclare ne chercher aucune validation extérieure en faisant des films. Elle finit d’ailleurs par un propos plus général et inspirant : « la meilleure façon d’être aimé, au cinéma ou dans la vie, c’est d’être soi-même et de montrer sa singularité, car tout le monde est unique. »

« J’ai découvert que le cinéma ce n’était pas seulement ce que fait l’acteur »

Revenant sur son expérience avec Christian Vincent dans "Les enfants", elle explique avoir découvert que l’intensité de jeu donné par l’acteur ne fait pas tout dans un film puisqu’il n’est vu que selon le point de vue de la caméra. Ainsi, s’il est nécessaire que l’acteur connaisse son texte pour avoir une certaine liberté dans le jeu, beaucoup d’autres facteurs entrent en ligne de compte et elle ne s’en est aperçu qu’une fois que Christian Vincent l’a faite passer derrière le prompteur. Grâce à lui, elle a pleinement mesuré l’importance du cadre et l’influence qu’il pouvait avoir sur le jeu.

Les enjeux du cinéma : comédie et drame, place de la femme

Repartant de sa déclaration dans une interview, Carlos Gomez l’a interrogé sur ce que signifiait « essayer de mettre un peu de drame dans la comédie et de comédie dans le drame ». Elle explique que tout est mélange : dans une comédie, les gens rient car la situation arrivant aux personnages est souvent dramatique mais burlesque. L’exemple de l’amant caché dans le placard témoigne de ce rire du spectateur pour le drame des personnages. De même, dans les drames, il est nécessaire de se laisser surprendre par le comique en le jouant (scène de fous rires inattendus…) : « la vie est riche quand elle n’est pas convenue ou mise au premier degré ».

De plus, elle a aussi abordé la condition des actrices au cinéma qui, au début lorsqu’elle regardait des films en tant que petite fille, n’étaient bonnes qu’à pleurer ou à être belles. Elle explique « les hommes avaient une ampleur de jeu énorme dans les rôles qui leur étaient proposés » et à partir de là elle ne voulait « pas être une actrice mais un acteur ». Par le panel de rôles qu’elle a réussi à jouer, son pari est indéniablement réussi.

Adam Grassot Envoyer un message au rédacteur
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