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INTERVIEW

MARIAGE MIXTE

Dans le hall du cinéma Pathé, Alexandre Arcady rejoint un petit groupe de journalistes, tout juste sortis de la projection de Mariage Mixte. Courtois, il nous salue chaleureusement un à un. Et l’interview commence.

Si l’on qualifie son film de comédie à limite du Vaudeville, et qu’on le dit …

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Dans le hall du cinéma Pathé, Alexandre Arcady rejoint un petit groupe de journalistes, tout juste sortis de la projection de Mariage Mixte. Courtois, il nous salue chaleureusement un à un. Et l'interview commence.

Si l'on qualifie son film de comédie à limite du Vaudeville, et qu'on le dit non habitué du genre, Alexandre Arcady répond que cela fait longtemps qu'il tourne autour de la comédie. Il voulait en faire une véritable avec ce film, dans le genre de Mafia Blues, où un père se retrouve dans le désarroi. C'est le cas de Gérard Darmon ici. Il a ainsi voulu user des rouages de la comédie, en jouant du début à la fin, d'un certain nombre de clichés. Le film n'est cependant pas autobiographique, mais il a voulu exorciser ce qui pourrait lui arriver, ce qu'il pourrait ressentir plus tard, avec sa fille de 18 ans.

Lorsqu'on lui demande pourquoi avoir choisi un père d'un niveau social, il explique qu'avec ce genre de comédie, on a deux choix. Soit on fait dans le social avec le Jugnot d'Une époque formidable, soit on tend vers Pretty Woman. Ici, il a voulu explorer la voie d'un père qui s'éloigne un temps de ses affaires, par amour, en donnant la priorité à sa fille. C'est plus un aristocrate, un nouveau riche.

Le thème du mariage mixte semble être une préoccupation commune, pour lui, à toutes les minorités. Aujourd'hui il y a environ 600 000 juifs en France, donc 99 chances sur 100 qu'ils épousent quelqu'un d'une autre origine. Ce sujet lui semble difficile à traiter car le sérieux « vous agrippe » très rapidement. Dans Mariage Mixte, il a voulu rendre le personnage du père un peu hors normes, de manière à ce qu'on ne puisse pas réellement s'identifier à lui. La vraie question n'est pas celle de l'union, mais de la descendance. Et son film lui semble être de ce point de vue, un film d'ouverture, qui laisse libre cours à ce qui est naturel.

Il explique qu'il y a une tradition orale chez les Séfarades, d'où le paradoxe entre la grand mère et le noble vieux qui sont tous les deux aussi intolérants, mais arrivent à se séduire. Pour lui, il suffit de peu pour se comprendre, se rejoindre. Le moteur de son film est l'amour, trop démesuré du père pour sa fille. Et le mariage mixte a selon lui été autorisé par Dieu, dans la bible, pour permettre la descendance. Ici c'est l'étranger qui recolle l'assiette, sorte de symbole du fait qu'il n'a pas l'intention de détruire la famille.

La mixité transparaît partout, y compris entre hommes, puisque le petit ami et le chauffeur sont homos et amoureux. Elle est aussi présente entre Séfarades et Ashkénazes, et entre les enfants. Il termine sur le fait que ses personnages ne sont pas tous des pourritures. Si les équilibres sont précaires entre eux, il n'y a aucune misogynie. Il affirme même avoir mis la femme en valeur, car au fond, ce sont elles qui dirigent les hommes.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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