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INTERVIEW

FABRIQUE DES SENTIMENTS (LA)

Abus de ciné:
A la lecture du scénario, y avait-il déjà des indications quant à la froideur du traitement ? Quel regard portez-vous sur le film de ce point de vue ?

Elsa Zylberstein :
En fait, le portrait de cette fille m’a paru à la fois original et brutal. Mais également …

© Les Films du Losange

Abus de ciné:
A la lecture du scénario, y avait-il déjà des indications quant à la froideur du traitement ? Quel regard portez-vous sur le film de ce point de vue ?

Elsa Zylberstein :
En fait, le portrait de cette fille m'a paru à la fois original et brutal. Mais également juste. Il ressemble à une époque où les gens se cherchent. Ici elle assure son rôle social, mais se déconstruit dans sa vie amoureuse, elle se fragilise. Pour moi le scénario posait nombre de question sur l'amour et la notion d'homme idéal. Faut-il abdiquer dans sa recherche du prince charmant? Selon moi, dans le film, il ne s'agit pas de froideur, mais plutôt de précision. Le réalisateur ne juge pas, il fait plus un constat du monde d'aujourd'hui...

Bruno Putzulu:
A la lecture du scénario, j'ai plutôt vu des êtres qui pataugent, entre désirs et hésitations. Parfois ils veulent céder à une certaine idée du romantisme. Jean Luc, mon personnage, est attiré par l'idée d'une relation, la possibilité de tomber amoureux. Mais il ne va pas plus loin... Quant à la froideur, elle vient plutôt du décors, notamment durant le speed dating. On aurait pu tourner ces scènes ici d'ailleurs (rires)...

Elsa Zylberstein :
Je suis allée dans des séances de speed dating pour préparer le rôle. Ca se passe comme cela, autour d'un cocktail, dans un décor métallique. C'est un monde d'ultra séduction. En 7 mn tout est forcément rétréci. Malgré mon déguisement, quelqu'un m'a reconnu, puis s'est rétracté, affirmant « qu'elle ne serait pas là... »... C'était mignon!

Abus de ciné:
Votre personnage, Bruno, veut tout?

Bruno Putzulu:
Quand on joue un rôle, chacun ressent les chose différemment. On ne doit pas donner les clés au spectateur. Il y a des gens tellement ouverts au désir qu'ils veulent être partout à la fois.

Elsa Zylberstein :
Ce sont des gens qui se protègent. Cela me paraît très juste dans les rapports, d'après aussi ce que je voit, chez mes amis notamment. D'où le titre... qui boucle intelligemment sur la notion de mariage arrangé...

Abus de ciné:
Votre personnage, Elsa, abdique? Elle se laisse contaminer par le pessimisme ambiant...

Elsa Zylberstein :
C'est très psychosomatique tout cela, ses problèmes de mal de ventre, de stress. Elle est notaire, métier où l'on ne montre pas ses émotions. Du coup, à côté, elle a un trop plein, auquel se mêlent les vertiges de l'amour et la peur du temps qui passe. Elle abdique un peu sur ses rêves d'enfants. Elle croit en sa gentillesse à lui. Elle a comme une sorte d'état adolescent qui est encore là, elle se met du coup en péril. Les hommes ont peur de la réussite de cette femme...

Abus de ciné:
Quelles ont été les scènes les plus difficiles?

Elsa Zylberstein :
Le deuxième speed dating. J'étais de plus en plus nerveuse...

Bruno Putzulu:
Ca n'était pas une scène en particulier. Les textes au ciné sont faciles à retenir, car ils sont souvent très banals. Ce qui m'inquiète plus en générale, c'est le réalisateur. Le premier jour je me demande toujours si ce sera bien la même personne que celui a qui j'ai dit oui. Pas forcément...

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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