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INTERVIEW

BLUEBERRY

Jan Kounen avoue que Moebius a eu de l’influence sur lui dans la réalisation de ce film. Mais certains films comme 2001, l’odyssée de l’espace l’ont également marqué et ont influencé son Blueberry. Ainsi, le côté lent de ce film, qu’il ne parvenait pas à comprendre, ne l’empêchait pas de re…

© Patrice Riccota

Jan Kounen avoue que Moebius a eu de l'influence sur lui dans la réalisation de ce film. Mais certains films comme 2001, l'odyssée de l'espace l'ont également marqué et ont influencé son Blueberry. Ainsi, le côté lent de ce film, qu'il ne parvenait pas à comprendre, ne l'empêchait pas de retourner le voir, vivant à chaque fois une expérience. Un autre film a été un point important dans sa culture cinématographique. Il s'agit de Little Big Man, premier film où l'on montrait les indiens comme des gens plus malins que les blancs. C'est ce qu'il a pu expérimenter lui même dans ses voyages. Il considère ainsi que ce peuple était très avancé sur le thème de la connaissance de soi.

Il a été difficile de faire que le spectateur ne soit pas perdu. Pour Jan Kounen, le territoire chamanique n'est cependant pas un lieu « parlé », il fallait qu'il reste mystérieux, car il s'agit d'un autre langage. L'approche des visions a été un long travail. Il est issu du journal de bord qu'a tenu Jan Kounen pendant ses trois ans de voyages, mais aussi d'interview avec des chamanes et des chercheurs. Chacun y lira ce qu'il a envie, réinterprétant au passage leur propre réalité. Pour Vincent Cassel, ce qui est représenté à l'écran, est assez proche de la transe chamanique. Mais ce type d'expérience est à encadrer, car les plantes maîtresses de cette culture ne sont pas faites pour faire la fête. Un chamane doit toujours être là, pour vous guider, notamment par des chants.

La réaction d'Ariel Zeitoun, producteur, face à ce projet de Western chamanique a été intéressée. Il s'agit d'approcher le cinéma au travers d'une démarche mystique. Pour lui, Star Wars est un film chamanique branché. Cela ne lui faisait donc pas peur, mais a nécessité de longues recherches de la part de Jan et des producteurs, sur près de cinq ans au total. Et il est assez fier du film d'auteur qui en est né. Malgré le tournage en anglais, il est cependant difficile de trouver une distribution large aux USA. Le problème du titre s'est aussi posé, car vendre à l'étranger un héros qui s'appelle Myrtille, cela n'est pas sans risque, d'autant que la BD n'est pas forcément connue. A cela s'est ajouté le problème du doublage et notamment de la prise en compte de l'accent cajun. Mais l'équipe a refusé de faire la tournée promo si les projections n'étaient pas en v.o.. Une difficulté qu'ils retrouveront pour les passages télé, les chaînes souhaitant que les indiens soient doublés.

Kentsenbetsa, véritable chamane, vient lui d'une tribu pacifique, qui est satisfaite de ce qu'elle a. Il estime que depuis vingt ans, ils entrent dans la modernité, alors qu'il y a deux siècles, ils étaient beaucoup plus conquérants. Jan Kounen rappelle que quand les occidentaux ses rendent dans leurs contrées, ils les regardent souvent de hauts, pensant qu'ils sont les seuls à être évolués. Cepedant, il apparaît clairement pour lui, que cela dépend des territoires. Les deux peuples ont donc des choses à partager.

Vincent Cassel était un fervent lecteur de Castenada. Il a donné les livres à Kounen, qui est parti s'immerger dans le monde des indiens. Il a finit par y aller lui aussi, malgré quelques réticences. Au départ, il ne devait pas faire le film, car il se voyait difficilement dans un rôle de cow-boy, forcément américain. Il a été envisagé qu'il joue l'ennemi de Blueberry, même si celui-ci a cinquante ans. Les relations avec Michael Madsen ont du coup été orageuses, car celui-ci voulait le rôle de Blueberry. Cassel dit que logiquement, il était son ennemi dans le film, donc à côté aussi.

l est certes un peu frustrant pour un acteur comme Vincent Cassel d'être déjà interprété par un autre dans la jeunesse de son personnage. Cependant, cela était intéressant, car plus Vincent la jouait fermé, plus on savait que ce môme était en lui, prisonnier. Il peut ainsi ressortir à la fin, en toute cohérence.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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