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INTERVIEW

BISON (LE)

Comment vous est venue l’idée du film ?

IN : On vit à une époque où dans les administrations, vous voyez des gens derrière des comptoirs dans de grandes difficultés, ils sont dans un engrenage… On est dans un monde où il ne faut pas être dans la merde. Mais ça ne suffit p…

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Comment vous est venue l'idée du film ?

IN : On vit à une époque où dans les administrations, vous voyez des gens derrière des comptoirs dans de grandes difficultés, ils sont dans un engrenage… On est dans un monde où il ne faut pas être dans la merde. Mais ça ne suffit pas comme thème. Alors j'ai mis en rapport deux engrenages contraires, en parlant aussi de l'engrenage de la relation. Le personnage de Le Bison rentre dans cet engrenage : quand on sourit à quelqu'un, ça risque d'aller encore plus loin. Les deux personnages de Dorine et de Le Bison font partie de deux mondes différents comme dans une fable : le monde des (belles) idées, celui de Le Bison, et le monde de ceux qui survivent et qui agissent, celui de Dorine. Et on passe d'un monde à l'autre. Les positions s'échangent : lui est sympa mais pas concerné, il vit beaucoup couché. Elle est debout, elle fait les tâches quotidiennes. Et ils vont faire le choix de la vie ensemble, le choix d'être possible au monde, de prendre le risque d'entrer en relation avec l'autre.

Vous jouez beaucoup sur les lieux…

IN : la ville est un lieu avec une histoire. Et ce palier était intéressant, ils ne sont jamais ensemble là, c'est le seul lieu où ils ne se retrouvent jamais à l'écran tous les deux. Et puis ils sont voisins de paliers, pas liés. A l'hôpital, tout le monde est un schtroumf, ce ne sont plus des êtres sociaux, ce sont des schtroumfs habillés en tenue d'hôpital.

La concierge mariée à un Portugais, c'est un peu cliché, non ?

IN : Ce sont des symboles, la concierge portugaise, habillée flashy avec des talons compensés… Mais je ne voulais pas y aller jusqu'au bout, je voulais un prénom qui ne " faisais " pas concierge, les prénoms sont toujours connotés, là au moins…

Quel message vous voulez faire passer par le personnage de Le Bison ?

IN : Il est comme nous dans ce monde, il ne s'investit pas, il n'est pas sûr… C'est un monde où rien n'est sûr, où les gouvernements font tout tous seuls, un monde de fiction (comme pour l'affaire OJ Simpson), un monde de dérision, de mauvaise foi, qui dure depuis des années… On ne s'engage pas car ça peut nous emmener loin, pour Le Bison, au mariage. Mais si ce n'est pas nous qui nous occupons de nous et des autres, alors qui ? C'est un vrai problème dans la société, et nous sommes et nous créons des générations d'incivils. Mais ce n'est pas en faisant des dons, … que les choses avanceront, il faut d'abord s'occuper de qui nous entoure, de ceux qui nous sont proches. Pour s'occuper des guerres, des élections, reconcernons-nous d'abord. Ce film n'est pas une réponse, il pose des questions, mais en filigrane, car il faut aussi divertir…

Comment s'est déroulé le tournage ?

IN : Il a duré dix semaines. Avec les enfants, il a fallu s'organiser, ils jouent quatre jours, quatre heures par jour. Mais c'était sympa, avec les enfants et surtout avec ces enfants-là. Ce sont vraiment des personnalités à part entière. C'est une responsabilité de faire jouer des enfants. Parfois on écrit des choses et une fois qu'on y est, c'est difficile. On prend la responsabilité de les exposer, de leur faire jouer des sentiments ou des situations, où il faut faire attention de ne pas aller trop loin. On ne s'est pas autorisé d'improvisation à cause de ça. En plus il fallait faire attention à la manière de filmer, je ne voulais pas leur voler quoi que ce soit. Il y avait un consentement mutuel avec les enfants, et ça les a concerné. On ne fait pas dire n'importe quoi à des enfants. Ils étaient investis, ne voulaient pas faire n'importe quoi, et étaient conscients qu'on allait pas les manipuler.

Et pour vous, pas trop difficile de jouer dans son propre film ?

IN : Le rôle de Dorine est important, c'était donc forcément difficile à gérer. Quand je faisais la mise en scène, j'étais dissipée : en 15 secondes, il fallait que je me fragilise alors que comme réalisatrice je dois être solide, rassurante. C'est une sollicitation bizarre, constante. La préparation du film, on peut la comparer au programme d'une machine à laver, on sort quand la vidange est faite, car une fois la machine lancée, on ne peut plus l'arrêter. Au départ Dorine ce n'était pas moi, mais mon producteur m'y voyait, et c'est plus facile que d'introduire une personne de plus. Pour Baer, j'ai pensé à lui tout de suite, il a LE regard qu'il me fallait. PEF aussi est venu rapidement, car c'est un bon acteur mais il a aussi un grand imaginaire. C'est un artiste et un acteur avec un monde à lui. Personne n'ose écrire des séquences comme il le fait…

Beaucoup d'amis…

IN : Quand on a des amis pareils, pourquoi voulez-vous aller chercher ailleurs ?

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur

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