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INTERVIEW

BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS

Journaliste :
C’est un sujet qui vous est très personnel. En général, quand on fait un premier film, on va plutôt vers des sujets personnels, or « Bienvenue chez les ch’tis » est votre deuxième. Etait-ce volontaire de se dire : j’en fais un pour « apprendre le métier » p…

© Pathé Distribution

Journaliste :
C’est un sujet qui vous est très personnel. En général, quand on fait un premier film, on va plutôt vers des sujets personnels, or « Bienvenue chez les ch’tis » est votre deuxième. Etait-ce volontaire de se dire : j’en fais un pour « apprendre le métier » pour que le deuxième, plus personnel, soit plus travaillé et maîtrisé ?

Dany Boon :
Oui, en même temps, j’ai bien travaillé le premier (« La maison du bonheur »)… Obligatoirement, il y a des choses qui nous échappent quand on fait un premier film. Je pensais déjà à « Bienvenue chez les ch’tis » avant mon premier film, j’aurais d’ailleurs pu le faire en premier mais ça aurait été plus compliqué. C’est plus difficile de parler de soi de manière très personnelle. Sur le premier film, j’avais une distance par rapport à l’histoire que je racontais. De plus, cette histoire avait un vécu sur scène, c’était différent car ici l’histoire est originale. Je me suis rendu compte qu’à l’écriture, en travaillant plus d’un an sur le scénario, je pensais en réalisateur : celui que j’étais devenu. Je pensais à la manière de découper, d’agencer les scènes…

Journaliste :
Le duo que vous formez avec Kad Merad dans le film rappelle certains duos célèbres : Gabin et Belmondo dans « Un singe en hiver » ou Fernandel et Bourvil dans « La cuisine au beurre ». Etait-ce important pour vous de jouer à deux, de créer un duo comique comme un hommage à cette époque-là ?

Dany Boon :
Pas du tout. Au contraire, j’ai tendance à travailler tous les personnages, à faire très attention à ce que même les petits rôles soient bien servis, à l’ancienne, justement. Il y a une époque où même les grands acteurs marquaient en faisant de petits rôles. Maintenant, c’est de moins en moins le cas, le cinéma est très influencé par le modèle américain, on est dans le clinquant, on a deux voire trois méga stars qui font le film et derrière, il y a les rôles qui ne sont pas très écrits et qui servent à faire avancer le récit, et qui même dérangent parfois car ils ne sont pas crédibles et pas assez travaillés. C’est très important pour moi que tous les personnages fassent rire, qu’ils aient tous des scènes fortes, comme Stéphane Freiss, Line Renaud ou Michel Galabru.

Journaliste :
Quand on est acteur, auteur et réalisateur, déléguer à ce point la conduite du récit à un autre acteur, c’est quelque chose d’assez rare. Le personnage principal est en effet tenu par Kad Merad et c’est celui auquel le public va s’identifier. On a l’impression que vous avez une confiance totale dans ce que l’acteur va en faire.

Dany Boon :
En effet, j’ai entièrement confiance en mes acteurs, à partir du moment où je les ai choisis. Et c’était important pour moi de ne pas être le personnage principal parce que je ne voulais pas faire un film régionaliste. Je voulais que l’histoire se déroule à travers le regard d’un personnage extérieur, qui vit dans le Sud et qui a énormément de préjugés sur le Nord. Tout ce que je dis dans le film, je l’ai entendu. Ca fait quinze ans que je suis en tournée et quinze ans que j’entends des choses comme ça sur ma région : qu’il fait très froid, que c’est l’horreur… Même quand Michel Galabru dit « ça meurt très jeune là-haut », ça vient d’un article pseudo-scientifique que j’ai lu, qui disait que vivre dans le Nord fait mourir plus jeune car il y a moins de lumière dans cette région… Ca véhicule des idées tellement débiles que je m’en suis servi pour les renverser.

Rémi Geoffroy Envoyer un message au rédacteur

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