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INTERVIEW

AMES GRISES (LES)

Yves Angelo indique dès le départ que le souci premier du film, n’était pas de faire une reconstitution fidèle de la guerre de 14. Il s’agissait plutôt, à l’intérieur d’un conflit majeur, d’une Histoire, de traiter des histoires. Du coup, les personnages, d’apparences simples dans…

© Patrice RICCOTA

Yves Angelo indique dès le départ que le souci premier du film, n’était pas de faire une reconstitution fidèle de la guerre de 14. Il s’agissait plutôt, à l’intérieur d’un conflit majeur, d’une Histoire, de traiter des histoires. Du coup, les personnages, d’apparences simples dans un premier temps, apparaissent plus complexes, car on contredit peu à peu leurs traits de caractères. Et le réalisateur précise qu’il aime ces récits, où les notions de bien et de mal restent floues, et où la lisibilité de l’intrigue passe au travers des « sensations » du spectateur. D’où la justesse du titre, « Les âmes grises ».

Il n’est pas d’accord sur le fait que l’auteur du livre tirait des conclusions sur chacun de ces personnages. Il trouve que chercher du rationnel dans le comportement de chacun, ce serait « nier la complexité des êtres humains ». Pour lui, l’écriture, et la lecture d’une image, la littérature et donc le cinéma, sont deux choses très différentes. Ainsi, il n’a pas cherché à adoucir le personnage de Jacques Villerest, mais plutôt à le complexifier, en le nourrissant d’une certaine ambiguïté. C’est un personnage qui ose dire les choses, qui reste franc. On devrait inverser nos valeurs, et on le comprendrait mieux. Alors que le juge, lui, aime à se complaire dans ses côtés sombres, dans le non dit.

Le conflit, est pour Yves Angelo, une constante importante du film. Le spectateur, comme les personnages, n’en a qu’une vision objective et lointaine. Mais l’on sent peu à peu qu’il se rapproche, au travers des colonnes de soldats, qui vont et qui viennent, ou des histoires qui se racontent. Les personnages n’en font pas partie. Le procureur vit clairement en dehors, et le juge n’en parle que lorsqu’il est directement concerné, au travers des vols ou meurtres. Si la guerre est ainsi suggérée, elle est tout de même la cause indirecte de 3 morts, si c’est bien le déserteur qui a tué la petite fille.

Concernant ses personnages, comparés à ceux du livre de Claudel, Yves Angelo indique qu’il n’y a pas de vérité absolue, voulue par l’auteur. La notion d’enquête dans le film, est un élément auquel on peut se raccrocher, mais ça n’est pas l’essentiel. Le principal ce sont ces personnages et leur vécu, leurs solitudes et leurs propres histoires. Ce qui lui paraît captivant, c’est que la notion de bons, de salopards s’écroule dès lors que l’on essaye de comprendre. On peut alors s’identifier, sans que le récit fasse monter la sauce, comme dans une histoire classique. Un réalisateur a donc tout intérêt à s’écarter de la trame.

En éloignant la douleur, personne ne résout rien, c’est un peu une lâcheté humaine. Celui-ci a, observe le réalisateur, la capacité de voir les informations au travers des médias, et de s’en extraire immédiatement. Ainsi, on ne peut pas décrire un personnage comme « crapuleux » ou « lumineux », comme cela est fait dans de nombreux scénarios. Dans la réalité, il est vrai que l’on rejette des dominantes, mais c’est justement cela « les âmes grises », selon Yves Angelo, notre impossibilité à être blanc. Car ses dire « je suis du bon côté », ça n’a au fond, pas de sens.

Plus en retrait depuis le début de l’interview, Marina Hands précise pour finir, que la scène la plus difficile à tourner, a été celle où Jean Pierre Marielle lui remet la lettre. Ceci, parce qu’interpréter l’annonce d’une mort, en évitant toute mascarade, est toujours très difficile. Elle indique avoir essayé d’être la plus honnête possible.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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